Gabriel Nadeau-Dubois joue son avenir politique

Le couronnement de Ruba Ghazal à titre de co-porte-parole féminine de Québec solidaire, dans la quasi-indifférence générale, illustre la longue léthargie du parti de gauche dans la faveur populaire. Et les perspectives sont mornes.

La possible relance du Parti libéral du Québec avec Pablo Rodrigez a occulté des données inquiétantes pour les solidaires, lors de la publication du plus récent coup de sonde de la firme Léger.

Avec 14% d’appuis, QS ferme la marche derrière les libéraux parmi les partis représentés à l’Assemblée nationale.

C’est un point de moins que lors de l’élection d’octobre 2022, et deux points de moins qu’au scrutin de 2018, alors que Manon Massé avait permis de récolter 16% du suffrage.

Dire que le parti stagne depuis que Gabriel Nadeau-Dubois en a pris les rênes est un euphémisme.

Selon le sondeur Jean-Marc Léger, si l’élection générale se tenait demain, la formation récolterait même un score moindre que 14%, puisque ses appuis dans la tranche d’âge se rendant davantage aux urnes, les 55 ans et plus, sont à un niveau famélique de 6%.

QS ne domine même plus chez les jeunes, étant maintenant au coude à coude avec le PQ chez les 18-34 ans.

À titre comparatif, depuis l’élection de 2022, Paul St-Pierre Plamondon a carrément doublé les appuis au PQ qui sont passés de 15 à 32%.

Peu d’impact

Les solidaires ont pourtant vécu une course à la succession de Manon Massé, course qui se voulait une occasion de visibilité accrue dans un espace médiatique âprement disputé.

Malgré la qualité des candidates sur la ligne de départ, les débats au co-porte-parolat n’ont pas vraiment fait bouger l’aiguille.

L’élection de justesse d’Émilise Lessard-Therrien, ex-députée absente du Parlement, a ensuite exposé les faiblesses du parti.

L’absence de soutien pour qu’elle puisse jouer son rôle aux côtés de GND l’a poussée vers la sortie.

Ses critiques à l’endroit de Nadeau-Dubois et du noyau de personnel autour de lui ont provoqué une crise.

Le Conseil national de Saguenay, où a été adopté le projet de refonte du programme politique en mai dernier, a permis à GND d’avoir davantage les coudées franches, mais a démontré aussi qu’une certaine frange de militants avait abandonné le combat pour ses idéaux.

Dans les corridors, Ruba Ghazal avait été chargée de désamorcer sur-le-champ ceux qui avaient exprimé leur colère au micro tout juste auparavant.

Souverainiste... ou pas

Ironiquement, c’est une des membres du caucus prônant le plus la souveraineté qui se retrouve, sans opposition, la nouvelle co-porte-parole à sa seconde tentative.

Ruba Ghazal devra se montrer convaincante en prêchant dans son propre parti.

Selon le sondage Léger d’octobre, il n’y a plus que 34% des sympathisants de QS en faveur de l’indépendance du Québec!

Déjà, en février 2023, on s’étonnait qu’il y ait moins d’un sympathisant de QS sur deux (43%) en accord avec l’option souverainiste du parti.

Ça ne s’est pas amélioré.

Par ailleurs, Gabriel Nadeau-Dubois s'est brûlé les ailes sur différents tèmes en 2022, que ce soit l'imposition du patrimoine des «riches», l'urgence climatique ou l'écofiscalité.

Un peu coincé dans la joute constitutionnelle entre le PQ, la CAQ et les libéraux, GND a choisi de miser sur des gains concrets au Parlement.

Ainsi, après avoir obtenu l’élargissement de la protection contre les évictions de logement, pour plus de personnes aînées, il mène le combat cette session-ci afin que des dîners soient offerts à tous les écoliers au Québec en échange d’une contribution volontaire des parents.

C’est louable.

Par contre, la même stratégie n’a pas permis au NPD de remonter dans les sondages, au fédéral.

Maintenant accompagné de Ruba Ghazal, GND devra redresser la barque, sans quoi la prochaine campagne électorale pourrait être sa dernière.

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