Les feuilles mortes, une ressource très précieuse

Voici venu le temps du rituel automnal du ramassage des feuilles mortes. Plutôt que de les jeter ou de les brûler, pourquoi ne pas plutôt profiter de cette formidable ressource naturelle tout à fait gratuite?

Toute bonne jardinière et tout bon jardinier savent que les feuilles mortes constituent une matière organique des plus utiles. Si vous ne les récupérez pas, d’autres personnes vivant dans votre quartier se feront certainement un plaisir de vous débarrasser de vos sacs de feuilles pour en faire du compost domestique.

Il est également possible qu’il y ait dans votre municipalité une collecte de feuilles mortes et autres résidus organiques afin de les acheminer vers un endroit où ils seront compostés.

Toutefois, le traitement industriel des feuilles et des autres résidus organiques coûte cher et peut avoir certains impacts environnementaux négatifs. Par exemple, la construction du nouveau centre de biométhanisation de l’agglomération de Québec a coûté 216 millions de dollars. Ajoutez à cela les frais liés à la collecte des matières organiques et à la manutention de celles-ci ainsi que les coûts de gestion et d’entretien de cette usine, cela fait en sorte qu’il en coûte plus de 250$ la tonne pour transformer les résidus verts en méthane!

C’est donc dire qu’une portion des feuilles mortes et autres résidus putrescibles produits par les citoyens de certaines municipalités québécoises ne sont donc pas transformés en compost, mais bien en méthane! Avec cette technologie, on se retrouve aux prises avec du méthane – un puissant GES qui est envoyé dans le réseau d’Énergir ou qui est parfois simplement brûlé par une torchère – et des boues une fois les matières organiques méthanisées. Il reste donc encore des déchets à la suite de la méthanisation, contrairement au compostage qui permet un recyclage complet des résidus organiques.

Malgré leur coût élevé et leur impact environnemental positif limité, les usines de compostage et de biométhanisation ont tout de même parfois une certaine utilité puisqu’il est impossible que les propriétaires ou les administrateurs de chaque marché d’alimentation, chaque hôpital ou chaque édifice à logement gèrent leur propre centre de compostage.

Quoi qu’il en soit, le compostage domestique demeure la méthode la moins coûteuse et la moins polluante pour recycler les feuilles mortes et autres matières organiques. Encore mieux, l’autocompostage est une autre solution envisageable qui ne demande aucun effort, qui pollue très peu et qui ne coûte absolument rien!

L’autocompostage, simple et peu coûteux

Les feuilles mortes qui tombent des arbres à l’automne sont particulièrement utiles au sol et aux végétaux des forêts. L’été suivant, elles se décomposent et se transforment en humus, un terreau de couleur brun foncé essentiel à la stabilité et à la fertilité du sol. Si toutes les feuilles mortes étaient enlevées – par des schtroumpfs ou des farfadets! –, cela aurait des conséquences désastreuses pour les forêts.

Une fois transformées en humus, les feuilles mortes laissées en place dans un jardin améliorent grandement l’aération ainsi que le drainage des sols lourds, riches en argile, et augmentent la capacité de rétention d’eau et d’éléments nutritifs des sols légers, riches en sable. L’humus est également un fertilisant de première qualité, puisqu’il peut fournir presque tout l’azote et le soufre ainsi que près du tiers du phosphore exigés par les plantes, en plus de quantités significatives d’autres éléments nutritifs essentiels à leur croissance.

L’autocompostage est une technique directement inspirée par la nature qui consiste à laisser les feuilles mortes au sol dans un jardin une fois l’automne venu. Une couche de feuilles d’environ 20 cm d’épaisseur protège les plantes du froid. De plus, au printemps suivant, ces feuilles mortes constituent un excellent paillis pour les plates-bandes, empêchant la pousse d’une grande partie des herbes indésirables et permettant de conserver plus d’humidité dans le sol durant les périodes sèches.

Notez que l’autocompostage des feuilles mortes fonctionne mieux dans les plates-bandes dont le sol n’est pas déjà recouvert d’un paillis d’écorces. De plus, il est souhaitable que les végétaux plantés dans les plates-bandes où l’on pratique l’autocompostage ne soient pas trop espacés les uns des autres. Comme en nature, il est préférable que les feuillages des plantes se touchent, ce qui diminue l’ensoleillement au sol et, par conséquent, la germination des herbes indésirables.

Contrairement à la croyance populaire, les feuilles mortes accumulées sur le sol des plates-bandes n’empêchent toutefois pas les tiges et les feuilles des plantes vivaces et bulbeuses de pousser. Bien que cela ne soit absolument pas nécessaire, vous pouvez – pour une question d’esthétique – déchiqueter les feuilles mortes avant de les mettre dans vos plates-bandes. Il est assez simple de le faire à l’aide d’une tondeuse munie d’un sac ou dont le jet est dirigé vers les plates-bandes.