Deux Québécoises touchées par la mort de leurs amies dans des conditions difficiles arrivent à des conclusions différentes sur l’aide médicale à mourir.
«Mon amie Jocelyne est décédée dans d’atroces souffrances sans avoir eu droit à l’aide médicale à mourir. Elle aurait voulu en finir au plus vite pour arrêter la douleur qui la terrassait», explique en entrevue Laurette Laurin, qui a fait carrière comme avocate émérite, sous-ministre adjointe et directrice de l’École du Barreau du Québec.
Se disant une «partisane inconditionnelle» de l’aide médicale à mourir, elle publie avec Florence Meney chez Trécarré Le dernier droit, un livre-débat sur la question déchirante.
De son côté, Mme Meney, autrice de plusieurs ouvrages et ancienne journaliste, est également en faveur de l’aide médicale à mourir, mais s’inquiète des modalités de son application, surtout en ce qui a trait aux personnes vulnérables et qui n’ont pas accès aux soins pour alléger leur souffrance. En écrivant ce livre, elle a beaucoup pensé à une de ses amies qui a fait appel à l’aide médicale à mourir pour éviter de souffrir et de dépérir. Une décision qu’elle a respectée mais qu’elle accepte mal encore aujourd’hui.
D’abord les vivants
En entrevue au Journal, les deux femmes insistent sur le fait que leurs positions ne sont pas diamétralement opposées mais qu’elles ont plusieurs divergences qu’elles désiraient exprimer pour refléter la diversité des points de vue sur cet enjeu.
«Je ne suis pas contre l’euthanasie humaine mais il faut s’intéresser d’abord et avant tout aux conditions dans lesquelles notre système de santé offre les soins de fin de vie», mentionne Mme Meney.
La médiatisation de la «mort dans la dignité» et l’élargissement des services disponibles jusque dans les salons funéraires peuvent faire oublier la gravité du geste, fait-elle valoir.
Enquête citoyenne
Pour Mme Laurin, il ne s’agit pas de donner la mort mais de mettre fin aux souffrances d’une personne qui n’en peut plus. Elle ne s’inquiète pas du taux élevé du recours à l’aide à mourir. Au contraire, elle pense que les gens sont aptes à décider. Hébergée dans une maison de soins palliatifs qui ne pratiquait pas cette intervention, son amie Jocelyne était si déterminée à mourir qu’elle a cessé de s’alimenter et de s’hydrater.
Le livre de Mmes Laurin et Meney se veut une «enquête citoyenne» sur le sens de la vie et de la mort, appuyée par de nombreux échanges avec des experts, des acteurs politiques (dont l’instigatrice de la loi, Véronique Hivon) et des proches de personnes ayant fait le choix de la mort libre.
Laurette Laurin et Florence Meney, Aide médicale à mourir: le dernier droit, Trécarré, 176 p., 29,95$.