Les récents succès du Canadien n’ont pas jeté de la poudre aux yeux de ses dirigeants. Malgré la séquence de huit victoires en 10 matchs que son équipe traverse et le fait qu’elle se retrouve soudainement dans la course pour les séries éliminatoires, Kent Hughes ne partira pas en peur.
« Je ne veux pas être trop confiant. On a vu ce qui s’est passé à Buffalo et à Detroit. Ils sont passés près des séries, puis ils ont régressé», a-t-il sagement rappelé.
Le directeur général du Canadien, qui s’est adressé aux médias dans le cadre de son bilan de mi-saison, est bien conscient que la route est encore longue avant d’amener sa troupe là où Jeff Gorton et lui le souhaitent.
« On a seulement un match au-dessus ,500. On n’a rien accompli encore », a-t-il pris soin de souligner.
Hughes a raison. Vaut mieux ne pas trop s’emballer, considérant que, il n’y a pas si longtemps, le Tricolore subissait des raclées une fois aux quatre matchs. D’ailleurs, au cours de cette période, le Tricolore a flirté avec les bas-fonds du circuit à quelques occasions.
«On ne jouait pas selon nos moyens, a-t-il reconnu. Notre confiance était fragile. Il y a certains matchs qu’on a bien amorcés, mais en raison de notre fragilité, on n’a pas eu de résultats.»
Hughes a fait allusion au revers de 7 à 2 subi aux mains des Rangers et à celui de 8 à 2 face aux Kraken. Sans oublier celui de 9 à 2 encaissé contre les Penguins.
«C’était 3 à 2 après la deuxième période», a-t-il rappelé, à propos de cette dernière dégelée.
Une première crise à gérer
Bref, on était loin du mix souhaité à la fin de la dernière saison. Un objectif que tous les intervenants de l’équipe ont réitéré lors du tournoi de golf ouvrant officiellement la campagne du Tricolore.
Devant les problèmes rencontrés, la marmite montréalaise a commencé à bouillir. Des bouillons et de la vapeur comme on n’en avait pas vu depuis les derniers milles de l’ère Marc Bergevin.
On a commencé à remettre en question quelques décisions de la direction. Certains ont même remis en doute les capacités et l’autorité de Martin St-Louis.
«C’était la première fois tant pour notre groupe d’opération que pour nos entraîneurs qu’on voyait autant de négativité autour de l’équipe, a indiqué Hughes, à propos de ce creux de vague. Il fallait être fou pour penser que ça n’arriverait pas.»
Surtout que l’équipe était en nette régression par rapport à la saison précédente qui, elle-même, ne fut pas une balade agréable. Parlant de ça, Hughes est revenu quelque peu sur cette notion de mix. Un terme à la définition plutôt floue.
«Nous voulions être dans le mix pour une question de progression. Pour nous rendre où nous voulons nous rendre ultimement, il y a certaines situations qu’il faut vivre», a expliqué le Montréalais.
«Notre capitaine, par exemple, n’a vécu qu’une seule course aux séries éliminatoires, a-t-il poursuivi. On veut que ce groupe de joueurs vive l’expérience de jouer sous pression. Tu apprends de ça. Regardez Tampa. Avant de gagner (la coupe Stanley), ils ont vécu plusieurs parcours éliminatoires.»
Trouver un équilibre
Le train semble maintenant de retour sur ses rails. Le Canadien est de retour au plus fort de la course, dans une Association de l’Est congestionnée au possible. Un revirement de situation qui semble coïncider avec le retour de Patrik Laine, l’arrivée d’Alexandre Carrier et la solidité retrouvée des gardiens.
«Je ne veux pas dire que c’est l’arrivée de Carrier qui a tout changé. Il y a des choses qui ont été réglées avant son arrivée. Mais quand tu as cinq défenseurs qui manquent d’expérience, il faut avoir des gars autour pour les aider. Surtout quand ça ne va pas bien.»
Parlez-en à Kaiden Guhle, dont le jeu s’est amélioré avec un défenseur d’expérience à ses côtés.
Ce qui nous amène à l’équilibre à atteindre ou à maintenir entre la présence de jeunes pousses et celle de joueurs établis. Un sujet abordé à quelques occasions durant le point de presse d’une quarantaine de minutes.
Y a-t-il des chances que l’on voie du sang neuf arriver avec l’équipe d’ici la date limite des transactions prévue le 7 mars?
«Je ne pense pas qu’on va dévier de notre plan. On veut construire une équipe qui sera capable de se battre pour un championnat pendant plusieurs saisons», a soutenu Hughes, rappelant qu’il reste 22 matchs d’ici là.
Non, Hughes ne s’excitera pas trop avec les récents succès de son équipe. Ce qui l’enchante, en revanche, c’est la culture qui s’établit lentement mais sûrement au sein de son vestiaire. Le genre de culture qui, une fois bien implantée, peut se transmettre d’une génération à l’autre.