Criblé de dettes et menacé de faillite, un acteur important de l’industrie pharmaceutique de Québec pourrait faire perdre des millions de dollars au Trésor public.
SiliCycle occupe un édifice bien en vue du Parc technologique du Québec métropolitain. Et pourtant, sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité depuis un peu plus d'une semaine, l’entreprise de près de 200 employés vient d’informer ses créanciers de son intention de leur faire une proposition.
Selon les documents préliminaires, déposés devant la Cour supérieure du Québec, l’entreprise fait face à des dettes totalisant 39,5M$, dont 29,43M$ de créances garanties.
De ce total, 13,6M$ sont dus à la Banque de développement du Canada (BDC), 7,2M$ à la Banque Royale (RBC) et au moins 5,26M$ à Investissement Québec (IQ), le bras financier du gouvernement du Québec.
Croissance fulgurante
Fondée en 1995 par deux jeunes diplômés (Hugo St-Laurent et Luc Fortier) de l’Université Laval, l’entreprise s’est spécialisée dans le développement, la production et la commercialisation de produits à base de silice, destinés surtout à l’industrie pharmaceutique.
En des temps plus heureux, en 2020, Hugo St Laurent, président de SiliCycle (au centre), Yves Dubé, directeur du développement des affaires (à gauche), et Pierre Plante, vice-président aux opérations PurCann Pharma (à droite, tout juste en arrière de M. St-Laurent), dans l’usine de production de cannabis. Photo Simon Clark
Au fil des années, l’entreprise a crû à une vitesse fulgurante, puis a choisi de se diversifier. En 2022, en entrevue au Soleil, l’entreprise se félicitait de s’être impliquée dans le développement de filiales.
Parmi elles: Total Océan, aux îles de la Madeleine, Aku Nature, à Mashteuiatsh, et PurCann Pharma, dans le cannabis, qui a fini par racheter les restes de Neptune Solutions Bien-Être, à Sherbrooke.
Le PDG remplacé
Jointe vendredi, la direction de SiliCycle n’a pu donner suite aux demandes de renseignements du Journal.
Mais dans une lettre aux créanciers, que nous avons pu consulter, la direction de l'entreprise admet que sa diversification a été «trop rapide» et que le virage de l’industrie pharmaceutique vers des produits biologiques a eu des «répercussions significatives» sur ses ventes et liquidités.
SiliCyle annonce par ailleurs que son cofondateur, Hugo St-Laurent, a quitté ses fonctions et que Raif Kadri, ex-vice-président des ventes de PurCann, occupe désormais le poste de président et chef de la direction du groupe.
Recherche de contrats et financements
Hugo St-Laurent est inscrit au Registre des lobbyistes du Commissariat au lobbying du Canada. L'objectif, lit-on: l’obtention «d’un contrat, autrement que dans le cadre d’un appel d’offres public, d’une subvention ou d’un autre avantage pécuniaire, ou [...] d’une autre forme de prestation déterminée par règlement du gouvernement».
En 2018, SiliCycle avait reçu une aide financière de 7,85M$ d’IQ. Plus récemment, en mai 2023, Québec a investi 2M$ dans Pharma in silica, une autre de ses filiales.
Un «plan de redressement» doit être présenté aux créanciers dans les prochaines semaines, sous la supervision du syndic Étienne Fiset, de Raymond Chabot Grant Thornton.
Avec la collaboration de Philippe Langlois, Bureau d’enquête
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.