Trop en santé pour avoir un médecin

Eurêka! Les comptables au pouvoir, ça marche!

L’INESSS a trouvé comment assurer l’accès à un médecin de famille à ceux qui en ont besoin: la «redistribution» des médecins vers les patients les plus vulnérables.

Brillante idée quand on traite les soins de santé comme une colonne comptable. Mais quel aveu d’échec lamentable!

Vive la calculatrice!

Le calcul est infaillible.

La grande «redistribution» permettrait de libérer 1,5 million de rendez-vous par année.

Entre les personnes en santé et celles qui n’ont qu’une affliction mineure, on en récupérerait 810 000.

Mais tout le monde doit faire sa part. Même un problème de santé modéré mérite une cure, et pourquoi pas ceux qui ont de sérieux problèmes. Hop, un autre 710 rendez-vous!

Vive les mathématiques! Tout pour arriver au chiffre magique de 1,5 million de rendez-vous pour les plus vulnérables.

Un beau gros chiffre rond, pour une belle manchette.

Illusion

Que la personne «en santé» consulte quand elle est en plein burn-out au bord du divorce, on s’en fout! Cette année-là, elle a surutilisé son médecin.

Que le rendez-vous de trop de la personne avec une affliction mineure ait permis de détecter un cancer... Bof, on aurait fini par l’attraper...

Au pays de la pénurie, la calculatrice règne en maître!

Mais il ne faut pas paniquer pour rien.

Le ministre Christian Dubé nous promet qu’il ne s’agit pas d’enlever son médecin à qui que ce soit.

Au contraire, l’exercice viserait à «établir des critères de vulnérabilité» pour forcer les médecins de famille à prendre en charge des patients vulnérables.

Peu importe. Quand on en est rendu à redistribuer des rendez-vous, c’est parce qu’on cherche à sauver la face.

Tout pour faire croire aux Québécois qu’avoir accès à des soins de base en temps opportun n’est pas devenu un privilège.