Payer 10 000$ pour des travaux botchés: «Leurs travaux, c'est de la merde!»

Après avoir payé 10 000$ pour des travaux de peinture extérieure à sa résidence, un citoyen de Repentigny est incapable de faire respecter la garantie de 25 ans offerte par l’entrepreneur avec qui il a fait affaire.

«Leurs travaux, c’est de la merde!» s'exclame sans détour Jason Roy au sujet de Groupe Co-Rec, un entrepreneur général basé sur la Rive-Sud de Montréal selon le Registre des entreprises.

À l’automne 2021, M. Roy a embauché Groupe Co-Rec pour des travaux de peinture extérieure à son domicile qui a été bâti en 2005. Au fil des années, les portes avaient perdu de leur éclat en raison de leur exposition au soleil.

«Sur mon contrat, il est inscrit que les travaux sont garantis pour 25 ans, ajoute le propriétaire. Ils m’ont dit qu’ils mettaient une sorte de cristal dans la peinture et que tout serait beau.»

Les problèmes sont apparus dès l’application de la première couche. Les employés de Groupe Co-Rec n'ont pas utilisé la couleur prévue au contrat, mais le boulot a été refait sans problème.

«La peinture a commencé à s'écailler quelques semaines plus tard, raconte M. Roy. Ils ont mis la faute sur la qualité de peinture de Benjamin Moore. On m'a dit que l’été était trop avancé et qu’on devait remettre le tout au printemps 2022.

«Dès l’année 2023, la peinture a recommencé à lever de partout et je leur ai fait savoir ma façon de penser.»

Silence radio

Un responsable de l’entreprise lui demande de les recontacter pour une autre reprise des travaux en mai dernier, afin de fixer un rendez-vous pour le mois suivant. Une mauvaise surprise attendait M. Roy.

«Je n’ai plus eu de nouvelles, souligne-t-il. Les boîtes vocales étaient pleines et ils ne répondaient plus à leurs courriels. J’ai envoyé une première mise en demeure par courrier recommandé, mais elle est revenue sans signature.»

Il a tenté la même opération à quelques reprises, sans résultat. M. Roy s'est même rendu à l’une des adresses de l’entreprise, mais il s’est heurté à une porte close.

Licence de la RBQ révoquée

Le Groupe Co-Rec Entrepeneurs général inc. connaît de sérieux ennuis depuis quelques années. Sa licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a été révoquée le 9 janvier 2024.

Dans le jugement, plusieurs aspects sont reprochés, dont le refus de payer les amendes après les jugements rendus à leur égard ainsi que l’incapacité des dirigeants à fournir des adresses ou des documents valides à la Régie.

«Plusieurs clients se sont plaints du service à la clientèle déficient et de mauvais travaux de Co-Rec. [L'entreprise] aurait pris des dépôts auprès de clients sans exécuter les travaux», est-il écrit dans le jugement.

Pour ce qui est des plaintes, elles s'accumulent depuis quelques années. L’Office de la protection du consommateur (OPC) a reçu pas moins de 24 plaintes, dont 18 pour non-conformité d’un bien ou d’un service.

Et on ne compte pas les nombreux commentaires négatifs laissés par les consommateurs sur la page Google de la compagnie. À ce jour, la RBQ a reçu 19 demandes de réclamations au cours des cinq dernières années. Seulement quatre indemnités ont été versées par Groupe Co-Rec.

Le seul administrateur de Groupe Co-Rec est Danis Coutu. Dans le Registre des entreprises, on trouve six autres compagnies, toutes encore actives, qui sont rattachées à l’entreprise, dont Peinture Canada Spray.

On a tenté de joindre les dirigeants de l’entreprise, mais ils ne nous ont pas rappelé.

– Avec la collaboration de Nicolas Brasseur, journaliste à la recherche au Bureau d’enquête