Le Québec risque de connaître encore plus de pannes à cause des vieux transformateurs d’Hydro

Plus de la moitié des transformateurs aériens d’Hydro-Québec ont plus de 25 ans, ce qui risque de faire augmenter le nombre de pannes dans les quartiers résidentiels.

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«C’est un peu inévitable. Quand on a une voiture qui a une vingtaine d’années et 700 000km au compteur, c’est sûr et certain que les risques de défaillance sont plus élevés», affirme François Bouffard, professeur de génie électrique à l’Université McGill.

Et sur les quelque 600 000 transformateurs aériens d’Hydro – qu’on trouve dans les poteaux –, environ 57 000 ont au moins 40 ans, soit près de 10%.

Données approximatives

En fait, la situation est sans doute pire aujourd’hui puisque les données que nous avons obtenues remontent à 2017, date de la dernière «évaluation» effectuée par la société d’État de l’âge de ces appareils.

Hydro-Québec devra donc accélérer la cadence des remplacements de transformateurs pour éviter que son réseau de distribution ne devienne encore plus vulnérable qu’il ne l’est déjà. D’autant plus que l’électrification des transports augmente la pression sur le réseau.

Rappelons que dans un rapport cinglant publié en décembre 2022, la vérificatrice générale avait constaté qu’Hydro n’avait «pas adapté sa stratégie au contexte du vieillissement de ses actifs».

«Une stratégie plus adaptée pourrait par exemple prescrire de remplacer certains actifs plus tôt que ce qui est actuellement prévu afin d’atténuer la surcharge de travail et l’augmentation des pannes dans les années à venir», lisait-on dans le rapport.

Au compte-gouttes

Hydro-Québec estimait alors que le nombre de transformateurs aériens à remplacer chaque année passerait de 8500 en 2019 à 14 000 en 2030.

Pour ce qui est du nombre de poteaux à remplacer, la société d’État projetait qu’il allait passer d’environ 7000 par année à 30 000 d’ici 2035.

Or, en 2022, Hydro a remplacé moins de 5000 poteaux de façon préventive, contre 6250 en 2021 et plus de 7000 en 2020, a révélé l’Agence QMI l’an dernier.

Hydro-Québec a été incapable, cette semaine, de dire au Journal combien de transformateurs aériens ont été remplacés au cours des dernières années.

Rouillés mais encore vaillants

Le professeur Bouffard note toutefois que des transformateurs peuvent continuer à bien fonctionner même s’ils ont dépassé leur durée de vie utile, qui est généralement estimée à 30 ou 40 ans.

«La cause première de défaillance des transformateurs de poteau, ce sont des choses externes comme des aléas météo, des animaux et des accidents automobiles», souligne-t-il.

«Des fois, on en voit qui sont rouillés, qui ne sont vraiment pas jolis, mais ils continuent de faire leur travail et probablement que si on les laisse tranquilles ils vont continuer à le faire», explique le spécialiste.

Notons que plusieurs autres entreprises d’électricité nord-américaines sont aussi aux prises avec des parcs de transformateurs vieillissants.

En 2022, la vérificatrice générale avait observé qu’Hydro-Québec n’avait mis en œuvre qu’une partie de son plan de réduction des pannes de 2020, lequel prévoyait notamment le renforcement de 400 000 transformateurs.

Michael Sabia, qui est aux commandes d’Hydro depuis l’an dernier, a promis de corriger le tir. Son plan d’action, qui s’étale jusqu’en 2035, prévoit de consacrer au moins 8 milliards $ pour accroître la fiabilité du réseau de distribution de la société d’État.

Hydro-Québec espère ainsi «réduire le nombre de pannes de 35% d’ici sept à 10 ans», précise un porte-parole, Louis-Olivier Batty.

Âge des transformateurs aériens d’Hydro-Québec

• 40 ans ou plus: 9,4%
• 30 ans ou plus: 39,3%
• 25 ans ou plus: 55,7%

Note: données en date de 2017

Source: Hydro-Québec