Les cavernes sportives, que les anglophones appellent affectueusement «man caves», sont de plus en plus populaires. Les amateurs et amatrices de sports sont prêts à tout pour faire de leur sous-sol une pièce d’anthologie où il fait bon se rassembler pour exposer son amour à l’endroit de son équipe préférée, peu importe la discipline.
Le Journal a effectué une tournée dans quelques villes de la province, à la recherche de quelques trésors cachés et est tombé sur de véritables perles que vous vous ferez un plaisir de découvrir.
Même si les Nordiques ne sont plus dans le paysage sportif québécois depuis 1995, ils ont bel et bien leur paradis. Dans la plus belle caverne sportive qui leur est consacrée, au sous-sol d’une résidence de Québec, leur épopée trop courte est encore bien vibrante. Comble de l’ironie, c’est un ancien mordu du Canadien qui a conçu cette tanière bleue.
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L’homme derrière ce véritable petit musée du fleurdelisé préfère ne pas être nommé. «Appelle-moi juste Monsieur Nordiques», nous lance-t-il lors d’une visite de sa caverne d’Ali Baba, où des centaines de trésors de son équipe préférée sont rassemblées avec une incroyable minutie.
Qu’il s’agisse de chandails de matchs ou d’entraînement portés par de gros noms comme Guy Lafleur ou Joe Sakic, des patins de Dale Hunter, d’un vieux manteau à l’effigie de Rendez-vous 87 ou d’un comptoir de bar orné de cartes autographiées, tout y est.
Lors de notre passage, on peut même regarder des matchs des Nordiques sur un écran qui surplombe le feu de foyer, dans une rangée de bancs ramenés du bon vieux Colisée.
Les photos d’équipe, bâtons de hockey, fanions, calendriers en format de poche sur leurs présentoirs d’origine, rondelles et innombrables autres articles d’époque tapissent les murs, du plancher au plafond.
Le plus surréaliste, c’est que ce véritable lieu culte dédié aux Nordiques n’a pas été élaboré par le typique fan fini de la première heure des Bleus. En fait, dans sa vie, il n’a assisté qu’à deux matchs de l’équipe au Colisée.
«J’ai d’abord été un grand partisan du Canadien et Mats Naslund était mon idole», nous confie sérieusement Monsieur Nordiques.
L’équipe de sa ville
Les purs et durs des Fleurdelisés pardonneront certainement ce léger écart de conduite à Monsieur Nordiques en prenant connaissance de sa petite histoire.
À deux ans, le bambin qu’il était déménageait de Québec, sa ville natale, pour s’installer en famille à Ottawa. Au fil des allers-retours entre la capitale provinciale et la capitale fédérale, il a fini par demander à sa mère pourquoi ils se déplaçaient tant.
«On voyageait tout le temps à Québec parce que toute ma famille était là. J’ai demandé à ma mère pourquoi on était les seuls à Ottawa et elle m’a dit que j’étais né à Québec. J’avais environ 13 ans et je ne savais même pas ça! À partir de là, je me suis dit: mon équipe, c’est les Nordiques. J’adorais la ville. J’ai fait la coupure tout de suite et le plus dur n’a pas été de laisser le Canadien, mais Naslund.»
Une entente avec mademoiselle...
À partir de 1992, Monsieur Nordiques a débuté lentement, mais sûrement à collectionner des objets relatifs aux Nordiques. Son premier grand coup a été un bâton autographié par tous les joueurs de l’équipe.
En 1996, il s’installait à Québec pour de bon. C’est seulement il y a quatre ans qu’il a déniché la maison pour y installer sa collection devenue immense, dans ce qui est devenu le sous-sol de ses rêves.
«J’ai fait un deal avec ma blonde. Je lui ai dit qu’on achèterait une maison et qu’elle me laisserait le sous-sol. Moi, j’allais faire toutes les rénovations en haut pour qu’elle ait ce qu’elle veut. Ma blonde n’aime pas le hockey, elle trouve que c’est trop, mais maintenant, elle amène du monde en bas et elle est bien fière de ça», raconte Monsieur Nordiques en riant.
Et les rénovations, il n’y en a pas eu qu’à l’étage! À la base, il y avait quatre chambres au sous-sol quand Monsieur Nordiques a fait tomber les murs. On y retrouve maintenant la pièce centrale, un coin bar, une aire avec chandails et table de air hockey en plus d’une pièce de type cinéma maison entièrement consacrée à l’Avalanche du Colorado, descendants des Nordiques depuis 1995.
Des souvenirs du Colisée
Au fil du temps, Monsieur Nordiques est tombé sur de véritables bijoux d’époque.
C’est le cas, par exemple, de l’ancien néon qui surplombait la boutique de souvenirs des Nordiques au Colisée.
«Quelqu’un l’a mis en vente sur Marketplace. La personne m’a dit que sa mère était la gérante de la boutique au Colisée. Quand tu collectionnes, tout est une question de timing. N’importe qui aurait pu tomber là-dessus», s’extasie Monsieur Nordiques.
Dans une grange de l’île d’Orléans, il a aussi mis la main sur une affiche géante qui servait de décoration à l’entrée des bureaux des Nordiques.
«Par la suite, j’ai pu le faire confirmer par des gens de l’organisation qui sont venus chez moi et qui m’ont dit que ça venait vraiment des bureaux», dit-il fièrement.
À quel prix?
Évidemment, tout le monde se demande combien a pu investir Monsieur Nordiques au fil du temps pour faire de sa caverne un lieu de pèlerinage pour tout amateur des Nordiques.
«Ça n’a pas de prix! Il n’y en a pas de montant. C’est le marché qui décide», se limite-t-il à affirmer.
«Je vends aussi plein d’affaires et tout ce que je vends, je garde l’argent pour ensuite acheter d’autres choses. C’est mon compte de collection et ça fluctue, mais je ne touche pas au compte conjoint. Donc, ma blonde est contente!» sourit-il.
Aujourd’hui, Monsieur Nordiques se console du départ de ses bien-aimés en suivant assidûment l’Avalanche.
«Quand ils sont partis, c’était les mêmes joueurs, mais au Colorado. Comment j’aurais pu me détacher? Si tu es un vrai fan des Nordiques, tu ne peux pas prendre pour les Canadiens après», tranche-t-il.
De toute façon, dans son repaire, les Nordiques sont encore bien en vie.