L’énigme Pierre Poilievre

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Au Québec, le chef conservateur Pierre Poilievre, à la fois un pur produit de la droite albertaine et député ontarien depuis vingt ans, est encore une énigme. 

De son arrivée en 2022 au poste de chef de l’opposition officielle à son relooking majeur l’an dernier alors qu’il abandonnait ses lunettes et troquait ses tailleurs sombres pour le t-shirt moulant, il passait plutôt inaperçu.

D’où l’intérêt du dossier spécial sur Pierre Poilievre publié samedi dans nos pages. Les Québécois y apprennent qu’il rêve de devenir premier ministre depuis un quart de siècle déjà.

Que son conservatisme libertarien repose sur une confiance indéfectible dans le libre marché, le «gros bon sens» des individus et un État minimaliste.

Qu’il a grandi tout près de Calgary dans une famille d’adoption de classe moyenne. Qu’il a fait ses études en sciences politiques à l’Université de Calgary.

Et c’est là, me semble-t-il, que la clé du personnage Poilievre se trouve.

Il faut savoir que ce département de l’Université de Calgary sert depuis longtemps d’incubateur idéologique de premier ordre à la droite la plus conservatrice au Canada.

Une longue lignée 

Ce qu’on y appelle le Calgary School a produit une longue lignée de politiciens et d’intellectuels d’une droite dure pour qui même l’ère Mulroney sentait à plein nez le socialisme et le racolage outrancier avec le Québec.

On parle entre autres de Stephen Harper, de son ancien conseiller Tom Flanagan, des politologues Barry Cooper et David Bercuson, etc. Or, cette «école de Calgary» n’est pas une mouvance isolée en Amérique.

Elle entretient depuis longtemps des liens naturels de filiation idéologique avec le Parti républicain américain. Y compris, sauf pour son fiel xénophobe et anti-libre choix, sous sa mouture trumpienne.

Force est d’ailleurs de constater certaines grandes similarités entre la «recette» Trump et celle de Poilievre.

Tous les deux populistes, ils sont friands de slogans simples et répétitifs. Ils préfèrent l’insulte et la diabolisation des adversaires aux débats plus civilisés.

Un grand western 

Pour eux, la politique est un grand western se terminant en un inévitable duel. Ils se présentent ainsi comme les «bons» cowboys de la «liberté» face aux «méchants» cowboys de la «gauche wokiste».

Ils discréditent les médias traditionnels parce qu’ils les méprisent et parce qu’ils sont capables d’analyses plus critiques de leur modus operandi.

Tous deux croient en la main invisible du libre marché, un encadrement minime des libertés individuelles et des baisses d’impôts dont l’objectif véritable est de réduire le rôle de l’État.

Ils se disent tous deux de grands défenseurs des ouvriers et de la classe moyenne alors que chacun, à sa manière, fait partie des mêmes élites qu’ils vilipendent à longueur de journée.

Un autre talent commun est justement de savoir canaliser la colère de tous ceux qui, avec raison, se sentent oubliés par des gouvernements se disant centristes ou progressistes.

Bref, ce n’est pas parce que Pierre Poilievre défend une vision de la droite dure nappée d’une épaisse sauce populiste depuis bien avant l’arrivée de Trump en politique américaine, que leur parenté en idées et tactiques, même elle n’est pas totale, ne mérite pas qu’on s’y arrête.

Pierre Poilievre, après tout, est peut-être le prochain premier ministre du Canada.

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