L’effondrement de Bell en bourse vous touche

Des cinq grandes entreprises canadiennes œuvrant dans le secteur des télécommunications, c’est BCE (Bell Canada Entreprises) qui a enregistré en 2024 la pire performance en Bourse.

Le titre du géant canadien des télécoms a chuté de 35%.

À la clôture de la Bourse jeudi dernier, l’action de BCE fermait la séance à 33,29$, en chute de près de 18$ en l’espace de 12 mois. C’est son plus bas niveau depuis août 2010, soit en plus de 14 ans.

1. À COMBIEN S’ÉLÈVE LA PERTE EN BOURSE?

En termes de capitalisation boursière, les actionnaires de BCE ont vu s’envoler en fumée la colossale somme de 16,4 milliards de dollars.

Et quand on parle des actionnaires de BCE, sachez que vous en faites partie, directement ou indirectement.

En effet, en plus des millions de particuliers qui détiennent des actions de BCE dans leurs propres portefeuilles, il faut savoir que tous les fonds communs et les caisses de retraite au Canada détiennent des blocs d’actions de BCE.

Le plus bel exemple? En début d’année, la Caisse de dépôt et placement du Québec possédait un bloc de 14,46 millions d’actions de BCE, pour une valeur de 754,5 millions de dollars. À la fermeture de la Bourse jeudi, la valeur de ce bloc d’actions s’élevait à seulement 481 millions de dollars, ce qui représente pour un tel bloc une perte sur papier de 273 millions.

2. POURQUOI BCE A-T-ELLE TANT CHUTÉ EN BOURSE?

Parce que l’entreprise est aux prises avec plusieurs problèmes, dont:

– Une baisse des revenus dans des segments clés;

– L’intensification de la concurrence entre les fournisseurs canadiens de télécommunications;

– Une perte nette trimestrielle de 1,2 G$ attribuable à une dépréciation d’actifs liée aux activités médiatiques de BCE (CTV, Bell Média);

– La chute des revenus publicitaires en raison de la concurrence des géants des plateformes numériques.

3. QUE PENSENT LES ANALYSTES DE BCE?

Selon Morningstar, sur les 17 analystes financiers qui suivent le géant canadien des télécoms, un seul d’entre eux en recommande l’achat, et ce, malgré le niveau excessivement bas du cours de l’action.

La grande majorité des analystes, soit 14 sur les 17, font le «mort» en se contentant d’attribuer à BCE la note «À conserver». C’est quoi le message derrière une telle note? Que les détenteurs d’actions de BCE prennent leur mal en patience!

Il reste donc deux analystes pour qui l’action de BCE est carrément «À vendre».

4. L’ALLÉCHANT DIVIDENDE DE BCE RISQUE-T-IL D’ÊTRE COUPÉ?

La haute direction de BCE a indiqué récemment que le dividende restait au beau fixe.

On parle ici d’un dividende annuel de 3,99$. Par rapport au cours actuel de l’action de BCE, le dividende représente un rendement de presque 12%.

En cette période où les rendements offerts sur les CPG tournent autour de 3%, un dividende qui rapporte 12%, c’est... extrêmement élevé.

Au point d’ailleurs où nombre d’analystes financiers «souhaitaient» que la haute direction de BCE coupe dans son dividende afin de permettre à la compagnie de se doter d’une plus grande manœuvre financière en cette période trouble.

En avril dernier, lors de sa comparution devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes, le chef de la direction de Bell, Mirko Bibic, s’était fait reprocher d’être déconnecté du public par le syndicat d’Unifor. On lui reprochait notamment d’effectuer des milliers de mises à pied alors que les versements de dividende de Bell Canada Entreprises inc. (BCE) ont atteint un niveau record de 3,7 milliards de dollars en 2023.

5. QUELLE EST LA PERFORMANCE DES AUTRES GRANDES ENTREPRISES DE TÉLÉCOMS?

La Bourse canadienne a connu une super année en 2024 avec 17,4% de rendement jusqu’à maintenant. Sur les 11 secteurs de la Bourse, un seul est dans le rouge et c’est celui des télécommunications avec un recul général de 20%.

En date de jeudi dernier, Rogers Communications accusait, sur 12 mois, un recul de 28%, et TELUS, une baisse de 16,6%.

Seulement deux des cinq grandes sociétés canadiennes des télécoms ont réussi à rester en territoire positif, soit Québecor avec un gain de 3% et Cogeco avec 5%.