«Justin est toujours dans mon cœur!»: le premier ministre démissionnaire compte encore des partisans dans sa circonscription

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.

L’amour de certains électeurs pour Justin Trudeau a décidément la couenne dure, a pu constater Le Journal en maraude dans Papineau à Montréal, le fief du politicien qui venait d’annoncer sa démission lundi.

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C’est le chaos dans le caucus libéral, mais est-ce que ça se sent chez ses électeurs? Je me suis promené dans la circonscription où Justin Trudeau est continuellement élu depuis 2008 pour leur parler.

Je me suis d’abord cogné le nez à la porte fermée de son bureau de circonscription sur Crémazie. (Non, aucun bouquet de fleurs n’y avait été déposé.)

Pas de réponse si je sonne. Boîte vocale pleine. Près de ce local mort grouille une poignée de journalistes en train de comprendre qu’ils sont là pour rien.

Amour tenace

Même si leur député est devenu de plus en plus mal aimé et isolé au cours des derniers mois, certains des résidents de la circonscription fédérale de Papineau, au centre de l’île de Montréal, ne cachent pas qu’ils auraient encore voté pour lui s’il était resté.

«Ça me fait de la peine qu’il parte... Justin reste dans mon cœur!» s’exclame Manuel Serpa, 88 ans.

«J’ai toujours voté libéral, toujours!» ajoute celui qui votait déjà pour Pierre Elliott dans les années 1970.

«Je suis encore mineure, mais si j’avais pu voter, ça aurait probablement été pour lui, parce que plusieurs de ses valeurs me rejoignent, davantage que celles de Pierre Poilievre», confie Camille St-Arnaud.

Cette étudiante du collège Reine-Marie est née à peu près au moment où Trudeau a été élu député libéral de Papineau il y a un peu plus de 16 ans.

À côté de la station de métro Jarry sur la rue éponyme, une SAQ se trouve dans un tête-à-tête avec une SQDC.

Je parle à des gens qui entrent ou sortent de ce commerce qui doit son existence à la légalisation du cannabis par le gouvernement Justin Trudeau.

«Il semblait parti pour s’accrocher encore longtemps, alors je suis surprise que ce soit aujourd’hui finalement qu’il annonce son départ», commente Nadia Chaouch.

«Je pense que Justin Trudeau a beaucoup déçu dernièrement parce qu’il a initialement créé d’immenses attentes», analyse Hugo Fournier, un Français qui vit au Québec depuis 9 ans.

«Plusieurs de mes voisins votaient pour lui», ajoute celui qui espère bientôt acquérir la citoyenneté.

Sons de cloche négatifs

«Bravo! Vous venez de faire avec Trudeau ce que les Français sont incapables de faire avec Emmanuel Macron: se débarrasser de celui qui les gouverne», fait remarquer José Morel Cinq-Mars, une psychanalyste originaire du quartier Villeray.

«Je suis très content que Trudeau s’en aille! Il était naïf comme un enfant!» se réjouit quant à lui Benoit Deslierres.

«Ce n’est rien de personnel contre Justin Trudeau, mais je constate que le pays va mal: les maisons sont inabordables et le coût de la vie a explosé», déplore Marie-Ève Martel.

Justin Trudeau ne s’est-il pas exagérément accroché à son poste?

«Je n’ai jamais eu de pouvoir dans ma vie, mais je peux comprendre que ceux qui en ont y tiennent», philosophe Sylvain Lefebvre, que je trouve dans le métro avec ses affaires et qui semble itinérant.

«Je reviens dans la ruelle parce qu’il n’y a pas assez de toilettes publiques accessibles à Montréal: tu devrais en parler dans ta chronique», ajoute ce grand lecteur du Journal de Montréal tandis que la STM annonce une panne de service sur la ligne verte... comme quoi la vie continue!