Un cancer nommé Amazon

Pour descendre à Montréal depuis mon coin de pays, il nous faut passer par l’Ontario. Dépassé Ottawa, le long de la 417, en pleine campagne, on roule pendant de longues minutes le long d’une immense bâtisse grise. De longues minutes à 100 km/h, ça veut dire que c’est gros, gigantesque même.  

Une intumescence de béton au milieu des champs. Être frappé de plein fouet par l’ampleur de ce géant, juste là, de l’autre côté du pare-brise, c’est Amazon.

Un sabotage pour notre économie locale

Combien de petits commerces pourraient rentrer dans ce gigantesque entrepôt qui a poussé au milieu de nulle part, où il n’y a pas d’âme qui vive à des milles à la ronde? Cet entrepôt, c’est le contraire absolu du commerce de proximité.

Combien de ces petits commerces justement éparpillés à la grandeur du territoire ont fait les frais de ce géant du web? Ces commerces qui ont pignon sur rue, qui embauchent du monde local, qui offrent des biens et des services, qui s’investissent dans leurs communautés. Comment mesurer les pertes provoquées par Amazon, tout ça pour recevoir ses draps de «qualité hôtelière» en 24 h?

Cette concentration et cette hypercentralisation de transactions et de stockage de données en ligne pour une seule et même entreprise devraient nous inquiéter pas mal plus.

L’exemplarité de l’État

Quelque 2,2 M$, c’est le montant qu’ont dépensé les ministères québécois sur Amazon depuis 2021. Une goutte d’eau dans le budget du gouvernement, mais quand notre propre État se permet de bouder ses fournisseurs locaux et de se glisser un doigt dans l’engrenage, c’est tout le bras qui finit par passer dans le tordeur.

Amazon, ce joueur qui avait l’air plutôt inoffensif, dérègle maintenant et transforme de plus en plus notre économie pour en prendre le contrôle. Comme un cancer qui nous fait mourir à petit feu. À quand un début de remède?