Tout ce que vous devez savoir sur le gang Bishnoi, accusé d’être impliqué dans le meurtre d'Hardeep Singh Nijjar

Déjà réputé pour conduire des assassinats et des extorsions en Inde, le groupe criminel Bishnoi est désormais accusé d’être impliqué dans le meurtre d’un séparatiste sikh au Canada, pour le compte de l’État indien. 

Le chef de ce gang, Lawrence Bishnoi, est actuellement détenu dans l’État indien du Gujarat, où il doit être jugé pour contrebande d’héroïne en provenance du Pakistan.

Parmi les cibles présumées de son groupe, on compte l’assassinat d’un célèbre rappeur sikh en 2022 et l’exécution d’un homme politique de premier plan à Bombay, début octobre.

Mais l’influence du gang s’étendrait bien plus loin. La police canadienne l’accuse du meurtre du militant sikh Hardeep Singh Nijjar, tué par balle dans un stationnement en juin 2023, près de son domicile à Vancouver, au Canada.

Hardeep Singh Nijjar, citoyen canadien, militait pour la création d’un État sikh indépendant dans le nord de l’Inde appelé le Khalistan.

Sa mort a envenimé les relations entre l’Inde et le Canada lorsqu’Ottawa a déclaré qu’il existait des preuves « crédibles » liant New Delhi au meurtre.

L’Inde qualifie de « grotesque » cette mise en cause et accuse le Canada d’utiliser « une stratégie de dénigrement de l’Inde à des fins politiques ».

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Escalade diplomatique

Ces tensions ont connu une escalade diplomatique majeure lundi, lorsque le Canada a expulsé six diplomates indiens, dont l’ambassadeur, soupçonnés d’être impliqués dans l’affaire Nijjar.

En réponse, l’Inde a aussi expulsé six diplomates canadiens.

La police canadienne a annoncé détenir des « éléments de preuve » quant à « l’implication d’agents du gouvernement de l’Inde dans des activités criminelles graves au Canada ».

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a déclaré à la presse que l’Inde utilisait des « éléments du crime organisé » pour cibler les membres de la diaspora sud-asiatique et les séparatistes sikhs, en nommant le « groupe Bishnoi ».

« Nous pensons que ce groupe est lié à des agents du gouvernement indien », a déclaré lundi la commissaire adjointe de la GRC, Brigitte Gauvin.

Quatre ressortissants indiens ont été arrêtés en relation avec le meurtre de Nijjar.

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Exécutions et extorsions 

Lawrence Bishnoi lui-même a été condamné en 2019 à cinq ans de prison pour six chefs d’accusation, dont tentative de meurtre contre des policiers, contrebande de drogue et port d’armes à feu.

Dans la prison d’Ahmedabad, la ville principale de l’État du Gujarat, il continuerait de diriger le gang depuis sa cellule.

Fils de paysan, ce diplômé en droit de 31 ans était encore un adolescent quand il s’est lancé dans le crime organisé en 2010, notamment en intimidant ses rivaux en politique étudiante, selon la police indienne.

Le gang a fait les gros titres en 2022 lorsque le rappeur Shubhdeep Singh Sidhu, connu sous le nom de Sidhu Moose Wala, a été abattu dans l’État du Pendjab (nord-ouest).

Le meurtre a été revendiqué « au nom du gang de Lawrence Bishnoi » par un gangster.

Le groupe se revendique de la secte hindoue Bishnoï, originaire des déserts du Rajasthan et datant du XVe siècle. Ses membres entendent défendre à tout prix la nature et les animaux, et comptent 1,5 million d’adeptes.

Le gang a proféré des menaces de mort à l’encontre de la vedette de Bollywood Salman Khan pour avoir chassé deux antilopes, que la communauté Bishnoï considère comme la réincarnation de leur gourou.

Deux membres du gang ont été arrêtés par la police indienne en avril pour avoir tiré sur le domicile de M. Khan à Mumbai. L’acteur n’a pas été blessé.

La police a également mis en cause le gang après l’assassinat de Baba Siddique, un homme politique de Bombay qui entretenait des liens étroits avec Bollywood et Salman Khan.