Son mari la faisait violer: les policiers lui ont «sauvé la vie», affirme la victime

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Les policiers lui ont «sauvé la vie» en «investiguant l’ordinateur» de son mari, a affirmé jeudi Gisèle P., la victime de viols, pendant dix ans, commis par des dizaines d’hommes recrutés sur internet par son époux, jugé avec 50 autres personnes, lors d’un procès hors norme qui se tient dans le sud de la France.

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«Mon monde s’écroule», a témoigné Mme P. devant la cour criminelle du Vaucluse à Avignon (sud), en racontant ce moment où, le 2 novembre 2020, les enquêteurs lui ont montré les images des agressions sexuelles orchestrées et filmées par son mari, qui l’assommait de somnifères pour qu’elle ne se rende compte de rien.

Sur la photo, «je suis inerte, dans mon lit, et on est en train de me violer. C’est des scènes de barbarie. Mon monde s’écroule, tout s’effondre, tout ce que j’ai construit en 50 ans. Franchement, c’est des scènes d’horreur pour moi», a-t-elle déclaré.

«Ils me considèrent comme une poupée de chiffon», ajoute cette femme de 71 ans, expliquant avoir attendu le mois de mai 2022 pour accepter de regarder les vidéos.

Debout à la barre, jeudi matin, face à la cour composée de cinq magistrats professionnels pour juger 51 accusés, dont le père de ses enfants, un retraité de 71 ans avec qui elle est en cours de divorce, et 50 autres hommes accusés de l’avoir violée pendant dix ans, de 2011 à 2020, Mme P. raconte, précisément, sans buter sur les mots.

«Et qu’on ne me parle pas de scènes de sexe, ce sont des scènes de viols, je n’ai jamais pratiqué le triolisme ni l’échangisme, je tiens à le dire», poursuit Gisèle P., répondant indirectement aux questions posées mercredi au directeur d’enquête par les avocats de certains accusés, qui maintiennent avoir seulement participé au scénario d’un couple libertin.

«Je suis comme un boxeur qui tombe et à chaque fois je dois me relever», insiste la victime, qui décrivait encore son mari comme «un chic type», «un super mec» au policier qui l’avait convoquée ce jour-là, avant qu’il ne lui montre les photos. Elle le désigne désormais d’un laconique «monsieur P.».

Ce 2 novembre 2020, elle refuse de regarder les vidéos dont disposent les enquêteurs. Près de 4000 photos et vidéos ont été retrouvées sur les divers ordinateurs, clefs USB ou disques durs de son mari. Les images des quelque 200 viols qu’elle a subis en dix ans, d’abord en région parisienne, mais surtout à Mazan, cette commune du Vaucluse où le couple avait déménagé en mars 2013.

Quelque 200 viols ont été recensés sur Gisèle P. La plupart par son mari, 92 par de parfaits inconnus. Restait à identifier ces hommes, comprendre le scénario ayant conduit à ces agressions et caractériser les faits reprochés à chacun.

Dans le box des détenus, «monsieur P.» reste tête baissée.

Le procès, qui a démarré lundi, se tiendra jusqu’au 20 décembre. Les accusés encourent jusqu’à 20 ans de prison.

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