Santé Québec veut utiliser l’intelligence artificielle au service des Québécois malades

La nouvelle agence Santé Québec veut utiliser l’intelligence artificielle pour mieux gérer les 20 millions de rendez-vous annuels des Québécois malades, qui ont souvent du mal à être soignés au bon endroit dans un délai acceptable.

Santé Québec souhaite mettre en place un «filtre de pertinence citoyen» en première ligne, selon un document diffusé sur le Système électronique d’appels d’offres, le 6 septembre dernier. Créée en décembre, l’agence est la nouvelle société d’État responsable des opérations du réseau de la santé.

Via l’intelligence artificielle (IA), la solution informatique identifiera le problème du patient, priorisera le rendez-vous et dirigera le malade au bon endroit, dans chaque région. Annuellement, le système devra gérer environ 20 millions de rendez-vous, estime Santé Québec.

À la publication de cet article, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’avait pas répondu au Journal quant au montant du potentiel contrat. On vise une implantation d’ici un an.

Décharger le système

Dans le document, Santé Québec avoue que le réseau actuel dispose de beaucoup de services, mais qu’ils sont «répartis dans une organisation complexe».

Résultat: les patients qui se tournent vers leur médecin de famille ou l’urgence sont souvent mal priorisés, consultent inutilement ou au mauvais endroit.

«Ceci soulève un enjeu de pertinence de consommation et a pour conséquence de surcharger la demande», lit-on.

«Un outil de filtrage de pertinence et d’orientation est nécessaire afin d’orienter les usagers vers le service approprié», poursuit Santé Québec.

Direction possible pour un rendez-vous avec l’IA:

• Médecin de famille/clinique médicale
• Urgence d’un hôpital
• Infirmière
• Ligne Info-Santé
• Centre antipoison
• Autre professionnel de la santé

Les rendez-vous seront offerts selon le besoin (immédiat, dans trois jours ou trois semaines). Les patients pourront refuser une orientation proposée. Si cela ne convient pas, le malade pourra ensuite discuter avec une «vraie» personne.

Santé Québec souhaite que la solution s’intègre avec d’autres systèmes tels que Votre Santé, une application qui avait été boudée par de hauts fonctionnaires du MSSS.

Simple d’utilisation

L’application devra être facile d’utilisation (sur téléphone ou ordinateur) et garantir la protection des renseignements personnels.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) se dit en faveur de l’arrivée de l’IA pour désengorger le système, pourvu que cela se traduise par des rendez-vous concrets.

«Ça a énormément de potentiel, mais il faut bien l’encadrer, souligne Stéphane Gosselin, porte-parole. Il ne faut pas que ce soit un cul-de-sac et que tu te fasses dire à la fin: “Va au privé”. [...] Il faut que les ressources soient disponibles et au public.»

Santé Québec a l’intention d’octroyer le contrat de deux ans et demi à l’entreprise Vitr.ai, qui gère déjà les rendez-vous médicaux dans trois régions avec l’IA. La compagnie a refusé de commenter le dossier au Journal avant la signature du contrat.

D’autres entreprises intéressées ont jusqu’à dimanche pour soumettre un dossier. Selon une source, ce projet a été «rédigé en catastrophe, sur le coin d’une table» et aucune recherche n’a été faite pour connaître les comparatifs.

– Avec la collaboration de Nicolas Lachance