Santé: le gros tabou

J’ai eu une conversation intéressante avec un médecin la semaine dernière concernant le système de santé québécois.

Pas seulement le nôtre, mais ceux des pays occidentaux, qui sont tous en train de «péter au frette», comme on dit en bon québécois.

Il m’a dit qu’on ne pourra pas vraiment améliorer notre système de santé tant qu’on ne parlera pas franchement de l’éléphant qui est dans la pièce.

Un système intenable

Nos systèmes de santé ont tous été mis sur pied dans les années 60.

À l’époque, l’espérance de vie au Québec était de 67 ans, à peu près.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, dans les années 1975-1977, l’espérance de vie des hommes était de 69 ans, et de 76 ans pour les femmes.

En 2024, elle est de 80 ans pour les hommes et de 84 ans pour les femmes.

Les gens vivent de plus en plus vieux.

Ce qui veut dire qu’ils sont malades de plus en plus longtemps.

Car ce n’est pas parce que tu vis plus vieux que tu vieillis en santé. Tu as toutes sortes de bobos, de maladies, de problèmes.

Mais au lieu d’avoir des problèmes de santé et de mourir à 67 ans, tu as des problèmes de santé et tu vis jusqu’à 84 ans!

Non seulement y a-t-il plus de gens âgés, qui ont besoin de soins de santé pendant plus longtemps, mais les coûts de ces soins ont explosé.

Et vu le vieillissement de la population, il y a plus de vieux qui se ramassent à l’hôpital que de jeunes travailleurs qui financent ces services en payant des taxes et des impôts!

Résultat: le système pète au frette.

Car il n’a pas été conçu pour faire face à cette réalité.

Grâce à des technologies qui n’existaient pas dans les années 60, on est maintenant capable de guérir des maladies qu’on ne pouvait pas guérir il y a 60 ans.

Mais ces technologies coûtent cher.

De plus en plus cher.

Vous voyez le problème?

Plus de vieux, plus de vieux malades, plus de vieux qui ont besoin de soins de santé pendant plus longtemps, une explosion des coûts des soins de santé à cause des nouvelles technologies de pointe, et une pyramide d’âge inversée qui a pour résultat d’allonger la colonne des dépenses et de raccourcir celle des revenus.

On appelle ça: une spirale vers le bas.

Je m’excuse, mais un système comme ça est intenable à long terme.

Pas étonnant qu’il craque de partout.

Et les retraites!

C’est la même chose pour les finances publiques.

Prenez les retraites.

Dans les années 60, les retraités mouraient à 66-67 ans.

Aujourd’hui, ils meurent à 84 ans.

Faites le calcul.

Dix-sept ans de plus à les payer à ne rien faire.

Quel est le pourcentage du budget de la province de Québec qui sert à payer la retraite des fonctionnaires? Je serais curieux d’avoir la réponse.

Et l’espérance de vie augmente. Les spécialistes disent qu’on pourrait tous vivre jusqu’à 100 ans, bientôt.

Vous imaginez la pression sur les finances publiques et le système de santé?

Mais quel politicien osera parler de ça?

Aucun...