RTC: le syndicat des chauffeurs rejette les courriels professionnels

Le Syndicat des chauffeurs de bus du Réseau de transport de la Capitale (RTC) qualifie de «dépense inutile» la volonté de doter ses 950 membres d’adresses de courriel professionnelles pour un coût annuel d’environ 70 000$. Si l’employeur tient à ce projet pilote, il devra alors fournir des ordinateurs ou des téléphones aux syndiqués, plaide la présidente du syndicat affilié à la CSN.

«Du côté des chauffeurs, on n’est pas intéressés à avoir ces adresses courriel. On considère que c’est une dépense inutile dans le contexte actuel», a souligné la cheffe syndicale Hélène Fortin, mercredi dernier, lors du conseil d’administration du RTC.

Invitée par Le Journal à préciser sa pensée, elle a ajouté que «les employés de bureau consultent ça [les courriels] sur leur temps de travail. Nous, on ferait ça sur du temps personnel. On a dit à l’employeur: “Si vous voulez procéder, assoyez-vous avec nous. On va discuter des paramètres. On va enlever du temps de travail aux chauffeurs”».

Un ordinateur ou un téléphone

Parmi ces paramètres, M^me Fortin a avancé ceci: «Tu vas lui fournir [au chauffeur] un ordinateur ou un téléphone cellulaire avec des données. Pourquoi il utiliserait ses propres données pour faire ça? On n’a pas besoin de ça. Qu’ils mettent cet argent dans nos horaires de travail et dans le service à la clientèle».

D’ici là, le RTC peut continuer à envoyer ses communications dans l’intranet des chauffeurs, croit-elle. Cette dernière s’est par ailleurs inquiétée du risque de recevoir des convocations disciplinaires dans un courriel professionnel, alors que «la personne est en vacances dans le Sud sur le bord d’une plage».

«La moindre des choses», dit le RTC

Au RTC, le directeur général, Nicolas Girard, a d’abord insisté pour dire que les chauffeurs sont le seul groupe d’employés du RTC à ne pas avoir de courriels professionnels.

«En 2024, c’est la moindre des choses de pouvoir communiquer par courriel avec tous nos employés. On a déjà des outils qu’on utilise à l’intérieur de l’organisation, mais on veut aller plus loin», a-t-il soutenu en jurant qu’il n’est pas question d’utiliser le courriel pour des avis disciplinaires.

Sans commenter directement les exigences syndicales, M. Girard a assuré que les modalités de mise en place de cette nouveauté seraient discutées avec l’exécutif syndical. «On n’est pas rendus là. Mais moi, ça m’inquiète comme gestionnaire qu’on n’ait pas encore ces outils modernes comme le courriel», a-t-il ajouté.

Le coût du projet pilote, dont la mise en place débutée en juin se poursuivra dans les prochains mois, est de 6$ par mois et par chauffeur. Comme le RTC compte 950 chauffeurs, le coût annuel serait de 68 400$.

Le gouvernement du Québec a récemment procédé à un audit de performance des sociétés de transports à travers le Québec, incluant le RTC. Les résultats de cet exercice doivent être connus au cours de ce mois-ci.