Projet immobilier abandonné le long du tramway: l’IDU pointe «les tergiversations» de la CAQ

L’abandon du mégaprojet immobilier Humaniti, à l’entrée des ponts, a principalement été causé par «les tergiversations» du gouvernement Legault dans le dossier du tramway, a déploré l’Institut de développement urbain du Québec (IDU).

C’est ce que la PDG de l’IDU, Isabelle Melançon, a mentionné au Journal, mercredi matin, en marge d’un congrès immobilier à Québec.

Cette dernière réagissait à une information d’abord rapportée par Radio-Canada au sujet de l’abandon de ce projet qui a été lancé il y a près de quatre ans. La promesse d’achat du promoteur montréalais Cogir sur ce terrain qui appartient à Groupe Dallaire, est arrivée à échéance.

«Quand il y a de la tergiversation dans le dossier du tramway et qu’il n’y a pas beaucoup de prévisibilité, les gens qui font de l’investissement immobilier sont réticents. C’est des centaines de millions de dollars qui sont en jeu», a regretté M^me Melançon.

D’après elle, «c’est triste parce qu’on est en crise du logement. On sait qu’on doit sortir du logement plus vite. Mais on n’y arrive pas à cause de certaines décisions politiques du gouvernement du Québec qui sont décourageantes pour les promoteurs immobiliers».

Humaniti, qui a succédé au défunt projet du Phare, à l’entrée ouest de Québec, devait à l’origine réunir de 2000 à 2400 résidents et comprendre quatre tours, une place publique, des commerces, deux hôtels et des bureaux. Il s’agissait du plus gros projet immobilier lié au tramway jusqu’à maintenant, puisqu’il incluait un investissement de près de 1G$.

Incidence économique

Appelé à réagir, Bruno Marchand a insisté pour dire que le tramway est «aussi un projet avec un impact économique». Dans ce contexte, «à partir du moment où ce projet-là ne verrait pas le jour, ça a une incidence économique sur la Ville, sur sa capacité de créer de la richesse et sur les citoyens».

Cela dit, le maire de Québec a juré qu’il n’y a pas de risque pour les investissements privés, en lien avec le tramway, qu’il évalue entre 3 à 4 G$ sur 20 ans. «Nous sommes dans une marche irréversible. Ce projet-là doit aller de l’avant et ne plus être remis en question, a-t-il ajouté. La ministre [Geneviève Guilbault] a donné un feu vert formel. On va avoir une entente le 15 décembre. La suite est bonne pour Québec.»

Autres réactions

De son côté, Martin De Rico, évaluateur agréé chez DeRico Experts-Conseils, ne semblait pas surpris par la tournure des événements.

«Le contexte n’était pas facile au niveau de la prévisibilité du marché et les taux d’intérêt, a-t-il rappelé. Ce que je trouve intéressant c’est qu’on s’en vient avec un milieu plus prévisible au niveau du financement.»

Selon lui, ce site «sera majoritairement multifamilial avec RPA et beaucoup de mixité. Je pense qu’il y aura encore un hôtel probablement, mais beaucoup moins de bureaux. Ça va attirer des joueurs majeurs, car c’est un site extraordinaire à l’entrée de la Ville».

Kevin Lachance, associé vice-président Finances et stratégie chez Immostar, est également convaincu que ce terrain «stratégique» va finir par se développer. Mais il croit que cela va se faire «dans une deuxième phase» soit dans un horizon de cinq à dix ans. 

Ce secteur du boulevard Laurier est en pleine effervescence et on s’attend à d’autres développements immobiliers notamment du côté de l’ancien quartier militaire situé un peu plus au nord, a-t-il expliqué.

– Avec la collaboration de TVA et de Stéphanie Martin

Ce qu’ils ont dit

«La baisse des taux d’intérêt et les récentes annonces du gouvernement du Québec en regard du projet du tramway de Québec nous permettent de relancer nos recherches visant à trouver un développeur intéressé à la réalisation d’un projet structurant à l’entrée de la ville de Québec.»

– Michel Dallaire, président et chef de la direction de Groupe Dallaire

«La leçon, c’est que quand on retarde ces projets majeurs d’infrastructures pour la région de Québec, ça retarde aussi d’autres investissements, dont des investissements en logement.»

– Jean-Yves Duclos, député fédéral de Québec et ministre de l’Approvisionnement

«C’est une mauvaise nouvelle économique de plus pour Québec [...] Le fait que le projet de tramway soit en suspens n’aide pas, mais ce n’est pas la seule raison qui fait en sorte que des projets qui ne se font pas à Québec présentement. Il y a un contexte économique et, manifestement, un niveau de confiance qui n’est pas là.»

– Claude Villeneuve, chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Québec