Privatisation de la santé: comment en sommes-nous arrivés là?

2 days ago 10

Des lecteurs me demandent pourquoi j’écris souvent sur le système de santé. C’est bien sûr en partie parce qu’à l’instar de plusieurs d’entre vous, l’état inquiétant du réseau public me donne la chienne pour mes vieux jours. 

Prenant soin de ma sœur née avec une déficience intellectuelle, comme d’autres familles, je vois aussi le manque criant de services pour les personnes handicapées et leurs proches aidants.

Surtout, c’est parce que depuis des décennies déjà, je documente, analyse et dénonce la privatisation croissante des soins de santé et services sociaux au Québec. Un cri dans le désert, diraient certains...

C’est donc sans surprise que j’ai lu le sondage Léger/Le Journal montrant que les Québécois sont nombreux à «faire appel au privé pour recevoir des soins médicaux, à travers une assurance ou en payant directement de leur poche».

Pas moins de 42% ont eu recours à des services non couverts par la RAMQ, contre 25% avant 2019. Bref, la tendance est lourde.

Si je sonne l’alarme depuis longtemps, c’est parce que la montée d’un marché lucratif de la santé au Québec est unique au Canada.

Il faut savoir que tous les gouvernements des trente dernières années – PQ, PLQ, CAQ – en sont responsables. Les compressions drastiques sous Lucien Bouchard ont tout d’abord affaibli le réseau public de santé de l’intérieur.

Plus on a affaibli le public, plus on a rendu le privé attrayant. Les réformes débilitantes du réseau sous Philippe Couillard ont ensuite détraqué le fonctionnement même du réseau public et l’ont déshumanisé.

Un cycle infernal

Pourtant formés ici à même les frais de scolarité les plus bas du continent, on a laissé des omnipraticiens et des spécialistes se désaffilier de la RAMQ pour pratiquer dans des cliniques privées dont le profit est l’unique finalité.

On a aussi permis aux médecins de faire du «va-et-vient» entre le public et le privé. Résultat: en plus des impôts, des Québécois paient directement pour des soins et des chirurgies impossibles à obtenir rapidement au public.

La structurite aiguë sous François Legault – brasser des structures bureaucratiques – complète le cycle.

Pour justifier le tout, les gouvernements ont repris le même mensonge: soit que plus de privé allait désengorger le réseau public. Un marché de dupes.

En effet, comme on ne peut pas cloner les médecins et les infirmières, plus ils sont nombreux à passer au privé, plus ils dégarnissent le réseau public. C’est mathématique.

Aucun hasard

Bref, il n’y a aucun hasard si le Québec est la seule province où la médecine et les services sociaux à deux vitesses montent en flèche depuis des années.

Et qui dit deux vitesses dit deux classes de patients: ceux qui attendent au public et ceux qui paient au privé. Soixante ans après la Révolution tranquille, c’est une régression majeure.

Nos élites politiques ont rompu le contrat social voulant que les Québécois soient bien soignés non pas selon la grosseur de leur porte-monnaie, de leurs assurances privées ou de leurs marges de crédit, mais selon leurs besoins.

Et maintenant, on fait quoi? Dénoncer. Trouver des solutions. Dans une société vieillissante, le fatalisme et la docilité ne sont plus une option.

Il faut aussi exiger des partis d’opposition qu’ils s’engagent dorénavant à mettre fin à la privatisation montante de la santé au Québec.

Sinon, il ne nous restera plus qu’à grimper les marches de l’Oratoire sur les genoux ou de s’acheter des billets de loto pour se payer des soins au privé...

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