Parti conservateur: le chef Pierre Poilievre montre-t-il ses vraies couleurs?

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CALGARY ET OTTAWA | Les sondages nous le présentent comme le probable futur premier ministre du Canada et pourtant, les Québécois savent encore bien peu de choses de Pierre Poilievre. Pour tenter de percer le mystère qui l’entoure, Le Journal s’est rendu jusqu’au quartier de son enfance, à Calgary, où là non plus, il n’est pas aussi connu qu’on pourrait le croire.

Dans la métropole albertaine, de loin l’un des terreaux les plus fertiles pour les conservateurs au pays, ses nom et prénom à consonance francophone en confondent plusieurs, qui le croient même parfois originaire du Québec, a constaté Le Journal.

Le chef conservateur doit aussi son anonymat relatif au fait qu’il ait quitté l’Alberta pour le feu roulant de la politique à Ottawa il y a plus de 20 ans.

Pourtant, dans une de ses vidéos publiées sur les réseaux sociaux, où il se mettait en scène devant sa maison d’enfance de Calgary, M. Poilievre soulignait que pour comprendre qui il est, il fallait savoir d’où il vient.

Le Journal a donc pris le chef conservateur au mot en se rendant dans ce quartier de son enfance, en banlieue de Calgary.

Nous avons aussi interrogé une douzaine d’ex-collègues et collaborateurs pour essayer de mieux saisir celui qui pourrait devenir le prochain premier ministre du Canada.

Malgré nos demandes répétées, Pierre Poilievre a refusé de nous accorder une entrevue.

Un quartier ordinaire

La promenade Shawnessy, située à une vingtaine de minutes de route du centre-ville de Calgary, est bordée de modestes bungalows typiques des années 1980, des quartiers comme il en existe des milliers d’un bout à l’autre du pays.

Sa mère, Marlene, et son frère, Patrick, habitent toujours la maison familiale, dont une des fenêtres est décorée d’une petite affiche arborant le slogan «Poilievre pour premier ministre», en anglais.

Guillaume St-Pierre / JdeQ

Son père, Donald Poilievre, a quitté la maison et dévoilé son homosexualité lorsque le jeune Pierre avait 12 ans.

Marlene et Donald, une famille francophone de la Saskatchewan, ont aussi adopté son demi-frère, Patrick.

Dans une brève conversation en anglais avec Le Journal, devant la maison familiale de Calgary, Patrick Poilievre, qui affirme ne pas parler le français, a dit que son frère a toujours «débordé d’énergie».

Une énergie qu’il a mise au profit de la politique dès l’adolescence. À l’âge de 20 ans, il rêvait d’ailleurs d’être premier ministre.

«La politique, il est tombé là-dedans comme Obélix dans la potion magique», lance Yan Plante, qui a été chef de cabinet du ministre Denis Lebel, lors du précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Sans nécessairement insister sur ses origines albertaines, Pierre Poilievre mise dans ses discours sur son héritage modeste, qui le distingue selon lui du premier ministre Justin Trudeau.

«Il offre un gros contraste avec la famille aristocratique de Justin Trudeau», lance le fondateur et ex-chef du Parti réformiste du Canada, Preston Manning.

Pas de grande école

Alors que le chef libéral a fréquenté le Collège Jean-de-Brébeuf, l’un des plus prestigieux établissements privés de Montréal, Pierre Poilievre, lui, a gradué d’une école secondaire publique de Calgary.

Guillaume St-Pierre / JdeQ

«Je n’avais aucune idée que Pierre Poilievre était venu ici», lance au Journal une employée de l’École secondaire Henry Wise Wood, où la photo du chef conservateur apparaît bien dans la mosaïque des diplômés de la promotion 1997.

Dans une grande vitrine près de l’entrée de l’établissement, une vingtaine d’anciens de l’école sont honorés. De petites plaques décrivent leur parcours respectif.

Ils sont des militaires, des dirigeants d’entreprises, des scientifiques.

Le nom du chef de l’Opposition officielle du Canada et politicien de carrière, Pierre Poilievre, n’y figure pas. Du moins, pas encore.

Guillaume St-Pierre / JdeQ

Un style unique

Cela pourrait peut-être changer si ce dernier devenait le prochain premier ministre du Canada, ce que lui prédisent les sondages depuis maintenant un an.

Pierre Poilievre a eu la piqûre de la politique durant ses études en relations internationales à l’Université de Calgary.

«Il était toujours bien préparé, ses idées bien articulées et poli envers les autres étudiants même s’il ne partageait pas leur point de vue», raconte le professeur Ron Huebert, qui continue de suivre avec attention le parcours de son ancien étudiant.

Dès ses débuts comme militant, il peaufine le style qu’on lui connaît aujourd’hui: des slogans accrocheurs ou des surnoms pour pourfendre un adversaire.

Un style que les libéraux aiment comparer à l’ex-président américain Donald Trump, même si des experts doutent qu’il y ait un réel rapprochement à faire entre les deux politiciens.

Quoi qu’il en soit, le style populiste de l’ex-pitbull du gouvernement Harper enrage ses adversaires à la Chambre des communes.

Pierre Poilievre est aussi soucieux de s’éloigner du débat sur l’avortement, lui qui a fait de la lutte aux «wokes» et à «l’identité de genre» un cheval de bataille, des sujets plus politiquement payants pour les conservateurs.

Que le vrai Poilievre se lève

À mots couverts, certains ex-collaborateurs s’inquiètent tout de même de sa façon de courtiser des groupes extrémistes.

TWITTER Alheli Picazo

Pierre Poilievre n’est pas non plus à une contradiction près, lui qui pourfend les «élites», malgré un confortable salaire de député qu’il reçoit depuis 20 ans.

Il aime aussi s’en prendre aux «lobbyistes», alors que son entourage en est composé.

«À moins d’être très près de lui, c’est dur de savoir qui est le vrai Pierre», croit l’ex-conseiller conservateur et président de la firme Summa Strategies, Tim Powers.

Cela fait dire au sondeur Jean-Marc Léger que «pour les Québécois, aux prochaines élections, la question sera: qui est Pierre Poilievre?».

Que le vrai Poilievre se lève.

Qui est Pierre Poilievre?

  • 45 ans
  • Adopté à Calgary par des parents fransaskois
  • Diplômé en relations internationales à l’Université de Calgary
  • Marié à Anaida Galindo, Québécoise ayant immigrée du Venezuela
  • Père de deux enfants, Valentina et Cruz
  • Il a travaillé pour les députés Stockwell Day et Jason Kenney
  • Député de Carleton (auparavant Nepean-Carleton) depuis 2004
  • Il a été ministre d’État des Institutions démocratiques (2013 à 2015)
  • Ministre des Ressources humaines et du Développement social (2015)
  • Chef du Parti conservateur depuis 2022

Et la religion dans tout cela?

OTTAWA | Même si Pierre Poilievre a été élevé dans la religion catholique, ses proches et ses amis soutiennent que sa foi n’a pas joué un grand rôle dans sa vie personnelle.

C’est du moins ce que soutient l’auteur d’une biographie intitulée Pierre Poilievre, a Political Life, parue plus tôt cette année.

M. Poilievre, note l’ex-journaliste devenu candidat conservateur Andrew Lawton, fréquente surtout les lieux de culte lorsqu’il fait campagne, ce qui est pratique courante en politique.

Le chef conservateur se dit notamment en faveur de l’avortement, et promet de ne pas rouvrir ce débat.

Cela ne l’empêche pas de courtiser activement les communautés religieuses, en allant parfois plus loin que ses homologues-chefs de parti. Dans les derniers mois, Pierre Poilievre a donné plusieurs discours dans des églises évangéliques, ce qu’évitent de faire les autres chefs fédéraux.

Ces derniers souhaitent ainsi éviter de se faire associer aux conservateurs évangéliques américains, souvent synonymes d’une droite dure républicaine.

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