Les lumières jaunes devant Pierre Poilievre

OTTAWA | Pierre Poilievre semble intouchable depuis maintenant un an.

Au sortir de l’été dernier, les conservateurs se sont imposés comme LA solution de rechange aux libéraux de Justin Trudeau.

Leur avance de 15 à 20 points qu’ils ont réussi à conserver depuis 12 mois semble insurmontable.

Il n’est donc pas étonnant que Pierre Poilievre veuille une élection au plus vite!

Mais, mais, mais.

Des voyants jaunes sont bel et bien visibles dans le tableau de bord de Poilievre.

Québec

Au Québec, la grande percée dans les sondages se fait attendre et ce n’est pas à défaut d’avoir essayé.

On a beaucoup vu Pierre Poilievre cet été. C’est ici que sa tournée estivale a commencé et c’est aussi ici qu’elle s’est conclue.

Pour l’instant, les résultats dans les intentions de vote sont inexistants. Pire, on note même un recul.

Les plus optimistes diront qu’à 23% au Québec, les conservateurs progressent par rapport aux résultats des élections fédérales de 2021. Le Bloc et les libéraux ne peuvent pas en dire autant, eux qui régressent par rapport au dernier scrutin.

Les conservateurs avaient à l’époque terminé la campagne avec 19% du vote.

Ce serait toutefois oublier que les deux précédents chefs, Erin O’Toole et Andrew Scheer, n’ont rien à envier à Pierre Poilievre sur le front des intentions de vote, eux qui ont déjà vogué à autour de 25% au Québec.

Cela ne les a pas empêchés de s’écraser en campagne, l’un à cause de l’avortement et l’autre à cause de son côté girouette.

Pierre Poilievre n’est pas à l’abri d’un sort similaire. On pourrait même dire que c’est assez probable, puisqu’au-delà de sa base de fidèles au Québec, très peu de Québécois (9%) le considèrent comme leur deuxième choix.

Quelque chose ne colle pas avec l’électorat québécois.

Domination

Le contexte est différent dans le reste du Canada, où les conservateurs dominent outrageusement dans toutes les régions du pays, de l’Ontario en passant par l’Atlantique et la Colombie-Britannique.

Si des élections avaient lieu demain matin, ce serait un raz-de-marée conservateur.

Il y a un mais.

La tendance qui se dégage depuis un an veut que les Canadiens ne soient pas entichés plus qu’il ne faut de Pierre Poilievre.

Ils le trouvent de plus en plus crédible comme solution de rechange aux libéraux, sa popularité personnelle grimpe, mais elle n’a encore rien d’un atout pour le parti.

Le tiers des Canadiens sont incapables de le reconnaître en photo. Dans l’œil du public, Poilievre reste à définir.

Un récent sondage Abacus est révélateur à cet égard: 40% des partisans conservateurs sont motivés à voter CONTRE Justin Trudeau et les libéraux.

Plus encore, 50% des électeurs qui ont appuyé les libéraux en 2021 et qui soutiennent maintenant Pierre Poilievre sont motivés par leur allergie à Justin Trudeau et son parti plutôt que par leur affinité avec le Parti conservateur.

Bref, Poilievre peut dire merci à Justin Trudeau pour sa popularité, qui n’est pas coulée dans le béton.

Trudeau

C’est à cette tendance à laquelle s’accroche Justin Trudeau lorsqu’il rêve d’un rebond dans les intentions de vote.

La théorie libérale veut que les Canadiens ne portent pas assez attention à la politique fédérale pour réellement se faire une tête sur Pierre Poilievre, qui pourrait finir par s’écraser lorsque projeté sous les feux de la rampe d’une campagne électorale.

Le passé nous a appris que les campagnes électorales comptent et que rien n’est joué d’avance.

Mais il reste qu’en cas de défaite, Pierre Poilievre n’aura que lui-même à blâmer.