Pendant une génération, le Québec a procédé à la déconfessionnalisation du système scolaire. Si nous avons compris une chose hier, c’est que la religion revient dans les écoles par la porte d’en arrière.
On peine à croire ce que contient ce rapport d’enquête sur l’école Bedford. Réglons une chose: ce rapport d’enquêteurs du ministère est rédigé en des termes bureaucratiques et prudents. Officiellement, on n’y parle jamais de religion. Dans les faits, tout le rapport porte sur la prise de contrôle d’une école par un mouvement religieux.
D’abord, bravo au ministre de l’Éducation d’avoir joué la carte de la transparence en commandant cette enquête et rendant le rapport public. Les pressions devaient être énormes pour étouffer une telle affaire.
Bravo à la journaliste Valérie Lebeuf qui a dévoilé au grand jour les tristes secrets de l’école Bedford.
L’histoire concerne un groupe d’enseignants musulmans qui ont formé un clan majoritaire pour prendre largement le contrôle d’une école. Ils y imposeraient leurs croyances et leurs méthodes. Ils contrôleraient le syndicat et le conseil d’établissement. Influence tous azimuts.
Au Québec, en 2024
Le rapport est cinglant: ce que dénonçaient des employés et ex-employés de cette école est corroboré par les enquêteurs. L’enseignement n’est pas correct et des élèves en paient le prix.
Voici un résumé, en termes vulgarisés, de quelques-unes des «particularités» observées à l’école en question:
· les sciences sont peu enseignées;
· l’éducation sexuelle n’est essentiellement pas enseignée;
· on traite différemment garçons et filles;
· on refuse toute forme d’aide pédagogique.
Ce dernier point est intéressant. Selon la conception des enseignants de ce qu’on appelle le «clan majoritaire» dans l’école Bedford, l’enfant en difficulté est un paresseux. Oubliez les orthophonistes pour les problèmes de langage ou les autres spécialistes, ces enseignants n’y croient pas.
Selon des témoignages, le fait que la plupart de ces spécialistes soient des femmes accroît la conviction des enseignants qu’ils ne doivent pas entrer dans la classe. Croyez-le ou non, c’est ce qui se passe. On leur barre la porte, on leur interdit l’accès à la classe. Cela se passe au Québec aujourd’hui.
Depuis longtemps
Ce qui est incroyable, c’est que ces problèmes ont pris naissance il y a près de 10 ans. De nombreux collègues ont quitté, incapables de vivre dans cette atmosphère. On a brûlé des directeurs d’école en série.
Le Centre de services scolaire n’a rien fait. Le syndicat, l’Alliance des professeurs, ferme les yeux puisque le représentant syndical local est heureux.
Il a fallu des reportages et une enquête commandée par le ministre pour commencer à regarder la situation en face. Trois autres écoles sont actuellement en examen, cela indiquant que ce qui se passe à l’école Bedford serait en train de se mettre en place dans d’autres écoles publiques montréalaises.
L’école est censée unir les communautés, pas être le foyer où vont se créer des ghettos culturels ou religieux.