«La frontière est hors de contrôle»: Québécois et Américains n’en peuvent plus de l’explosion des passages de migrants

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Des Québécois et des Américains vivant le long de la frontière entre les deux pays sont exaspérés par l’explosion des passages illégaux de migrants et plusieurs espèrent que l’élection présidentielle changera les choses.

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«J’en vois quatre ou cinq par jour. Ils débarquent de la voiture et partent à courir vers la forêt! On promène notre chien et on voit des personnes dans le bois. Sont-ils armés? Sont-ils dangereux? On ne le sait pas», questionne Sylvain Haut, qui vit à Hemmingford.

Photo OLIVIER FAUCHER

«C’est cette peur de ne pas savoir qui ils sont, quelle est leur histoire. Je ne dis pas que ce sont de mauvaises personnes, mais tout ce que ça prend, c’est une seule mauvaise personne», s’inquiète aussi Becky Rabineau, qui vit dans la petite ville de Mooers, dans l’État de New York, à la limite du Canada. 

Puisque son terrain donne directement sur la frontière, il est emprunté plusieurs fois par semaine par des migrants qui traversent illégalement vers les États-Unis. 

Photo fournie par BECKY RABINEAU

Depuis un an, pas moins de 19 000 d’entre eux ont été interceptés par les patrouilleurs américains du secteur Swanton, qui compose principalement la frontière entre le Québec et les États du Vermont, de New York et du New Hampshire. Ces données compilées par la U.S. Customs and Border Protection, diffusées le 2 octobre dernier, montrent un afflux record. C’est plus que les chiffres combinés des 17 années précédentes. 

Border Patrol Agents in Swanton Sector have apprehended more than 19,222 subjects from 97 different countries since October 1, 2023, which is more than its last 17 fiscal years combined.
Report suspicious border activity in Swanton Sector: 1-800-689-3362 @USBPChief@CBP@DHSgov pic.twitter.com/BhUaYYi15B

— Chief Patrol Agent Robert Garcia (@USBPChiefSWB) October 2, 2024

La majorité d’entre eux (11 000) est originaire de l’Inde. 

Sentiment d’insécurité

Au début de la semaine, Le Journal s’est rendu à la frontière pour rencontrer une dizaine de Québécois et d’Américains qui vivent le long de cette frontière, qui compte de nombreux boisés et des fins de route accessibles qui ne sont pas patrouillés en permanence.

Ils sont surtout des agriculteurs ou des amoureux de la nature. Lorsqu’on s’y promène, une ambiance paisible y règne. Mais cette apparence est aujourd’hui trompeuse, car la plupart vivent avec un sentiment d’insécurité.

«Quand je suis arrivée ici, je n’avais aucun problème à sortir les poubelles tard le soir. Mais depuis quelques années, ce n’est plus le cas. On a dû s’installer des caméras», déplore Angela Foster, qui vit à Swanton, au Vermont.

Sylvain Haut, qui exploite son vignoble Domaine des Salamandres à Hemmingford, affirme que les chauffeurs d’Uber qui transportent les migrants «ont son adresse» comme endroit où les débarquer.

Récemment, il a dû expulser de son terrain des hommes qu’il soupçonne être liés aux réseaux de passeurs. Ceux-ci prenaient des photos, «vraisemblablement pour indiquer le chemin» aux migrants, raconte-t-il.

Trump pour régler le problème?

Mme Foster votera pour Donald Trump, un candidat avec une ligne dure contre l’immigration, aux élections du 5 novembre. L’économie et la gestion des frontières sont les deux enjeux qui pèsent le plus dans son vote.

«L’administration Biden ne fait rien. On n’arrive pas à prendre soin de notre propre monde. On n’a plus besoin de ça ici [les migrants]. Il faut les retourner immédiatement dans leur pays s’ils ne sont pas arrivés légalement», demande-t-elle.

«Des gens ici se font voler. Un migrant a essayé de voler notre vélo l’autre fois. On n’est pas en sécurité. On dépense tout cet argent pour des migrants illégaux alors que ça devrait servir à prendre soin de nous comme Américains», témoigne Jonathan Oliver devant sa maison de Mooers arborant une bannière «Trump 2024».

Jonathan Oliver. Photo OLIVIER FAUCHER

À l'opposé, un fermier de 62 ans a déjà voté pour Kamala Harris par la poste.

«La façon dont Trump et les républicains parlent de ce problème est exagérée. Ces gens ne cherchent qu’à améliorer leur sort en venant chez nous», dit Lawrence Rainville, qui appelle régulièrement les autorités pour signaler des migrants sur son terrain, même s’il ne se sent pas menacé par leur présence.

Reportage sur les passages illégaux de migrants vers les États-Unis depuis le Québec, Canada, en vue de l’élection présidentielle américaine de 2024. Photo prise en octobre 2024. Sur la photo: Lawrence Rainville, 64 ans, vit près de la frontière à Swanton au Vermont. Photo OLIVIER FAUCHER

Du côté du Québec, André Labelle, un résident de Saint-Armand, ne voit pas comment un retour de Trump va l’aider.

«Je pense que ça pourrait juste inverser le trafic. Ça va se poursuivre, mais les migrants vont s’en venir vers le Canada pour fuir les politiques de Trump», croit l’homme.

La GRC dit en faire plus malgré les critiques

La Gendarmerie royale du Canada se targue d’en faire plus pour mieux protéger les résidents face au flot record de migrants, un constat qui laisse plusieurs citoyens sceptiques.

Archives Joël Lemay / Agence QMI

«On enquête de plus en plus des présumés passeurs. On a de plus en plus d’expérience pour les identifier», explique d’entrée de jeu François Paquet, caporal du détachement de Valleyfield pour la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Au cours de la dernière année, celle-ci a arrêté 18 passeurs.

Par ailleurs, les chauffeurs de taxi et d’Uber peuvent de moins en moins plaider l’ignorance lorsqu’ils conduisent des migrants à la frontière, plaide la GRC, qui fait plus de répression et d’arrestations.

Résidents sceptiques

Selon des résidents interviewés par Le Journal, ces efforts tardent à se faire sentir. C’est le cas d’André Labelle, qui préfère appeler les Américains lorsqu’il doit faire un signalement.

«La GRC peut prendre jusqu’à 45 minutes pour venir et ils sont toujours en auto. Les Américains sont ici en 10 minutes et je les vois régulièrement patrouiller la frontière à pied ou en véhicule tout terrain. J’aimerais voir la GRC faire ça.»

En deux jours, Le Journal n’a croisé aucune patrouille de la GRC. Or, du côté du Vermont, nous avons croisé quatre véhicules des autorités frontalières américaines en quelques heures. L’un d’entre eux a même intercepté le représentant du Journal pour vérifier ses papiers.

M. Labelle remet en question également la fiabilité des caméras que la GRC a installées sur son terrain.

«Elles fonctionnent par réseau cellulaire. Près de la frontière, la couverture n’est pas terrible. Ils ont eu de la misère à la faire fonctionner.»

Sylvain Haut de Hemmingford dit «se plaindre tout le temps à la GRC», mais est pour le moment peu impressionné de leur réponse. «Un soir, ils ont intercepté un chauffeur [transportant des migrants] qui n’avait pas de permis de conduire et ils l’ont laissé partir», déplore-t-il.

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