Homicide à Lac-Saint-Charles: Jacques Côté n’a pas hésité à intervenir pour secourir sa voisine

L’enquête publique sur la mort de Jacques Côté s’est poursuivie mardi avec le témoignage d’une voisine démontrant bien toute la bravoure dont il a fait preuve dans ses derniers instants de vie avant d’être battu à mort par un homme en crise psychotique à Lac-Saint-Charles.

L’après-midi du 6 avril 2022, Karine Boivin était montée dans sa voiture pour aller chercher ses enfants à l’école quand elle a croisé Kim Lebel sur la rue Thibodeau, où ils habitent tous les deux.

L’homme, déclaré non criminellement responsable, était torse nu et avait un casse-glace en fer dans les mains. Elle a d’abord cru à un cas de rage au volant, avant qu’il s’en prenne sans raison à son véhicule dont il a défoncé les vitres en plus de replier sur elle-même la porte du côté conducteur.

«Tout se passe vite et c’est comme dans un mauvais rêve. [...] C’est à ce moment-là qu’il m’a regardé et m’a dit “toi, tu ne souris pas beaucoup. Souris plus sinon je te tue”», décrit la résidente qui était sous le choc, mais qui n’a pas été blessée.

D’un pas décidé

C’est en levant les yeux qu’elle a vu son voisin Jacques Côté s’approcher. «Il a crié “heille!”, comme pour peut-être surprendre la personne, le saisir pour qu’il se retourne et arrête.»

«Jacques s’en venait d’un bon pas décidé. Il est allé lui mettre la main sur l’épaule. C’est là que Kim Lebel s’est retourné et il y a eu altercation jusqu’au milieu de la rue.»

Le bon samaritain de 65 ans n’a pas survécu aux nombreux coups qu’il a reçus sur la tête.

Cette cinquième journée de l’enquête publique a aussi permis d’apprendre qu’au moment d’être pris en charge à l’urgence psychiatrique après son arrestation, Kim Lebel affichait un taux de lithium très bas. Ce médicament lui était prescrit pour traiter sa condition.

«Ça pouvait vouloir dire qu’il ne le prenait pas ou pas bien», a expliqué la D^re Marie-Josée Filteau.

«C’était clair qu’il était psychotique, délirant. C’était un délire mystique», a souligné la psychiatre.

Rechute en 2019

Kim Lebel avait été hospitalisé plusieurs jours en avril 2019 en raison d’une rechute importante de son trouble bipolaire, lors de laquelle il s’en est pris physiquement à sa conjointe, après avoir été stable pendant plus de 10 ans.

Dans les mois qui ont suivi, il était parvenu à retrouver une vie normale. Rappelons que le diagnostic de bipolarité a évolué vers celui d’un trouble schizo-affectif après les événements tragiques.

«Malheureusement, les signes annonciateurs [d’un épisode maniaque] ne sont pas toujours évidents et ça peut flamber rapidement», d’où l’importance de bien outiller les familles, a soutenu le D^r Alain Dion.

La même année, Kim Lebel, qui travaillait comme maçon, avait confié à son médecin de famille qu’il aimerait se rendre à Paris pour aider à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame, détruite dans un incendie. Son discours n’était toutefois pas marqué par des signes de délire, selon le D^r Stéphane Darveau.