Le ministère public réclame une peine globale de cinq ans de pénitencier pour un agent de sécurité qui a agressé sexuellement 13 visiteuses du Musée de la civilisation en leur faisant des attouchements furtifs aux fesses alors qu’il était celui qui devait pourtant protéger l’établissement.
Gabriel Chabot-Gagné a plaidé coupable aux chefs d’accusation qui pesaient contre lui pour des agressions sexuelles sur une adolescente et une femme adulte, en plus de 11 autres victimes non identifiées.
Les chefs concernant ces victimes sans dénonciation directe ont pu être portés après l’analyse des caméras de surveillance du Musée de la civilisation, où l’agresseur a travaillé à peine une dizaine de jours à l’automne 2022.
Ces images ont d’ailleurs été présentées au juge Frank D’Amours mercredi dans le cadre des observations sur la peine à imposer au délinquant. On y voit l’agent de sécurité, portant son complet d’uniforme, se déplacer furtivement, principalement derrière des adolescentes, en leur effleurant les fesses.
«Agresseur en série», dit la Couronne
Le procureur de la Couronne au dossier a suggéré une peine de cinq ans, dont six mois sont pour un autre dossier (voir autre texte ci-bas).
Ce dernier a insisté sur la planification des délits de l’accusé comme facteur aggravant. Un trouble hébéphilique lui étant diagnostiqué après coup, soit une attirance envers les adolescentes, Chabot-Gagné «ciblait les groupes qui arrivaient en sortie scolaire» afin de «viser dans sa catégorie d’âge».
«On a un agent de sécurité qui commet de multiples agressions sexuelles en série dans le cadre de ses fonctions. Il représentait la menace qu’il aurait dû contrer. C’est tellement ironique, mais ça démontre de l’abus de confiance», a plaidé Me Louis Durand-Bluteau.
Le rapport sexologique produit en marge du processus judiciaire souligne d’ailleurs que Chabot-Gagné se masturbait le soir «en pensant à ce qu’il avait fait dans la journée».
Les évaluations concluent à un risque de récidive «très élevé».
18 mois en défense
En marge du témoignage de la mère d’une des victimes, le ministère public a invité le juge à ne pas conclure que le crime est moins grave parce qu’il s’agit de «frotteurisme». En larmes, la femme a raconté que le geste de Chabot-Gagné avait brisé sa fille, déjà anxieuse avant sa visite au musée en octobre 2022.
«À Québec, elle craignait de le recroiser [ailleurs], elle craignait qu’une chose semblable puisse se produire. Tous les inconnus sont devenus de potentiels agresseurs pour elle», a déploré la mère de famille.
En défense, Me Amélie Levasseur a suggéré au juge l’imposition d’une peine de 18 mois ferme, assortie d’une probation de trois ans, dont deux sous surveillance. Une façon «d’attacher» Gabriel Chabot-Gagné au système de justice pour quatre années.
«Monsieur sera encadré à sa sortie de détention. [...] Ce n’est pas sans importance parce que l’on comprend qu’il veut s’aider. On n’est pas dans le cas d’un individu qui ne reconnaît pas ses torts», a expliqué l’avocate de la défense, estimant qu’une peine trop longue viendrait rendre la tâche très difficile à son client pour se réinsérer socialement.
Le juge Frank D’amours a pris le dossier en délibéré et doit rendre sa peine au cours de l’hiver.
Voies de fait sur un journaliste: une attaque à la liberté de presse, dit le ministère public
En plus de ses dossiers d’agression sexuelle, Gabriel Chabot-Gagné a plaidé coupable à des chefs de voies de fait et de méfaits pour une attaque sur un journaliste qui pourrait lui valoir six mois d’emprisonnement supplémentaires.
C’est la peine que le procureur de la Couronne a suggérée au juge Frank D’Amours pour l’événement survenu au palais de justice de Québec en avril 2023. De passage en cour pour son dossier, l’accusé s’en était pris au journaliste judiciaire de Radio-Canada, Yannick Bergeron. Ce dernier filmait Chabot-Gagné dans la zone prévue à cet effet, ce qui a déplu au justiciable, qui a tenté de le frapper et de saisir son téléphone.
Intolérable
Mercredi, Me Louis Durand-Bluteau a invité le tribunal à défendre la liberté de presse en imposant une peine sévère pour voies de fait simples à Chabot-Gagné.
«Les journalistes ont un rôle fondamental. Les agresser, c’est attaquer la liberté de presse, qui est l’un des piliers de notre société», a souligné le procureur de la Couronne.
Dans une lettre écrite au tribunal, M. Bergeron a expliqué avoir longtemps hésité avant de porter plainte, mais a choisi de le faire pour défendre la qualité de l’information dans nos palais de justice. «Quand on est agressé ou menacé, c’est la qualité de l’information qui en pâtit.»
«On ne doit pas tolérer ces attaques», a insisté Me Durand-Bluteau.
L’avocate de la défense a quant à elle remis en contexte les événements, rappelant que les passages à la cour étaient anxiogènes pour son client, dans une période où il était dans un état de grande «vulnérabilité psychologique».
«Vous devez admettre que c’est le lot de la majorité des gens qui comparaissent ici», lui a fait remarquer le juge D’Amours.
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