Fitzgibbon quitte la politique: Legault nommera un autre superministre qui cumulera l’Économie et l’Énergie

Poids lourd du gouvernement, Pierre Fitzgibbon a été forcé par son chef de faire un choix et de quitter maintenant la vie politique. François Legault conservera toutefois la formule de superministre en confiant l’Économie et l’Énergie à un même membre de son actuel Conseil des ministres.

Superministre de la CAQ depuis sa réélection en octobre 2022, «Fitz» souhaitait quitter ses fonctions en décembre prochain.

Mais, au terme d’une discussion avec François Legault, la décision a été prise, lundi, de mettre fin à son mandat immédiatement.

Les députés caquistes qui rêvent d’être enfin appelés au sein des saints seront déçus.

Le départ du puissant ministre n’entraînera pas de véritable remaniement ministériel. Selon nos informations, le chef caquiste a décidé de confier les importantes responsabilités de l’Économie et de l’Énergie à un autre membre de son actuel cabinet, qui sera à son tour sacré superministre.

La fonction actuelle de cet heureux élu sera ajoutée sur les épaules d’un autre membre du conseil des ministres, sans plus de changements.

Une promotion est possible pour Christine Fréchette, dont le mandat à l’Immigration est peut-être plus difficile à transférer, mais qui jouit d’un parcours sans faute, ou Jean Boulet, par exemple, dont la responsabilité au Travail pourrait être prise par un collègue sans entraîner un jeu de dominos.

Lourde tâche

Le nouveau superministre héritera de la tâche colossale de faire atterrir l’importante loi sur l’énergie devant permettre à Hydro-Québec de doubler sa production d’ici les prochaines années.

«Le PM n’était pas confortable de laisser un ministre qui sait qu’il veut quitter ses fonctions piloter un projet de loi si important», a confié une source gouvernementale.

Visiblement, les questions sur l’avenir politique de Pierre Fitzgibbon agaçaient le premier ministre.

François Legault a rencontré son ami de longue date à deux reprises, au mois d’août, afin de savoir s’il comptait terminer son mandat.

Le pilier a convenu de revenir avec une réponse au terme du long week-end de la fête du Travail.

Lundi, il a avisé le premier ministre de son intention de partir en décembre, après l’adoption probable de son vaste projet de loi pour bonifier la production d’électricité.

Mais, d’un «accord commun», selon la formule consacrée, la décision a plutôt été prise pour une démission immédiate.

Depuis son entrée en politique, Pierre Fitzgibbon s’est aussi fait connaître pour son franc-parler, ce qui l’a mis en porte-à-faux avec François Legault à quelques reprises.

La semaine dernière, il a notamment déclaré qu’il y aurait «des hausses importantes» des tarifs d’Hydro-Québec d’ici cinq à dix ans, alors que son chef venait de réitérer que «les tarifs des Québécois n’augmenteraient pas de plus que 3% par année» tant qu’il serait premier ministre.

Au cabinet du PM, on nie pourtant tout conflit entre les deux hommes.

Adieux

Pierre Fitzgibbon quitte à la fois ses fonctions ministérielles et son poste de député.

Il a fait ses adieux à ses collègues à l’occasion d’un souper mardi, à la veille du caucus de la CAQ en vue de la rentrée parlementaire.

Il rencontrera la presse pour s’expliquer, aux côtés de François Legault, mercredi matin.

Son départ entraînera une élection partielle dans la circonscription de Terrebonne, qu’il représentait depuis 2018.

En plus du projet de loi sur l’énergie, son passage en politique a été marqué par les milliards investis afin d’attirer l’industrie des véhicules électriques au Québec.

Ces investissements semblent désormais à risque, avec le ralentissement de la production chez plusieurs constructeurs automobiles.

La commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale lui a aussi attribué trois blâmes dans cinq dossiers soumis à son bureau.