Donald Trump tarde à s’ajuster

Malgré un débat pour le moins difficile, Donald Trump et ses troupiers sont au plus fort de la course même s’ils ont perdu l’avantage qu’il détenait lorsqu’ils affrontaient Joe Biden.

Il y a et il y aura peu de mouvements majeurs dans les intentions de vote, mais la démocrate progresse bien. Les stratèges républicains aimeraient reprendre le momentum.

Il y a un mois déjà, j’écrivais que les républicains devaient revoir leur stratégie. Il semble que leur candidat n’en soit pas capable pour le moment.

Trump est son pire ennemi

Si bien des observateurs ont été impressionnés par la performance de Kamala Harris mardi, je suis de ceux qui croient que, par ses travers, son adversaire est en grande partie responsable de son succès.

La stratégie de la démocrate était évidente: être bien préparée et afficher sa confiance, mais surtout exploiter l’impulsivité et l’orgueil de Donald Trump. Le piège tendu était évident et les piques ont eu des effets immédiats.

Ce ne sont pas tant les mensonges répétés du républicain qui ont retenu l’attention, mais plutôt le caractère totalement déjanté de ses affirmations, sa moue boudeuse et son ton colérique.

On ne va pas oublier de sitôt cette histoire d’immigrants illégaux qui mangent les animaux domestiques de Springfield ou ces avortements pratiqués jusqu’à la fin du neuvième mois... Ou après!

Les réactions après le débat ont été immédiates, les partisans de Trump invoquant un complot d’ABC et de ses modérateurs, alors que ceux de Kamala Harris étaient en extase. Peu importe, c’est ailleurs qu’il faut regarder.

Freiner l’élan de Harris

Même si les chiffres qui la favorisent sont presque toujours à l’intérieur de la marge d’erreur, Kamala Harris a plus que comblé l’écart la séparant de Donald Trump, que ce soit au plan national ou dans une majorité d’États pivots.

Tout aussi important pour Harris et Trump, la démocrate fracasse des records de contributions financières et accueille de très nombreux nouveaux donateurs. Elle a énergisé la base démocrate.

Finalement, ils sont de plus en plus nombreux à s’inscrire dans les listes électorales parce qu’ils désirent voter pour elle. D’ailleurs, s’il y a un effet à l’appui de Taylor Swift, c’est là qu’il se fera le plus sentir.

Malgré tout ce que je relève de positif pour la campagne de Kamala Harris, elle ne parvient pas à se distancier de son adversaire.

Si Donald Trump parvenait à se concentrer sur ses thèmes les plus porteurs et qu’il évitait ses trop nombreux écarts, il freinerait l’élan de Kamala Harris.

Bien des élus républicains et des sondeurs du parti ont noté la très mauvaise performance de Trump mardi, mais ils ne parviennent toujours pas à lui faire entendre raison.

La photo de la semaine

Kamala Harris semblait en contrôle et décontractée alors qu’on sentait la colère chez un Donald Trump qui paraissait crispé et contrarié.

La citation de la semaine

«Autrement, Poutine serait maintenant installé à Kyïv, les yeux rivés sur le reste de l’Europe. Vous abandonneriez rapidement, pour lui faire une faveur, entretenant l’idée que c’est une amitié avec quelqu’un qui est considéré comme un dictateur. Il vous dévorerait au petit déjeuner.» 

Une des attaques senties de Kamala Harris qui cherchait ainsi à déstabiliser son adversaire en malmenant son orgueil.

Le détecteur de mensonges

««À Springfield, ils mangent des chiens. Ils mangent des chats. Ils mangent les animaux des habitants de la ville. C’est qui se passe dans notre pays et c’est une honte!»

Sans vérification aucune, le candidat républicain a récupéré une fausse information que son colistier et une influenceuse, Laura Loomer, ont contribué à faire circuler. Bryan Heck, le directeur de la ville, a démenti cette affirmation dès mercredi. Près de 20 000 immigrants haïtiens sont récemment arrivés à Springfield, mais ils sont entrés au pays légalement et aident à pallier le manque de personnel des entreprises de l’endroit.

Le chiffre de la semaine: 5

Selon un sondage publié vendredi (Morning Consult), Kamala Harris augmente légèrement son avance sur Donald Trump après sa performance lors du débat. La candidate démocrate recueillerait 50% des appuis contre 45% pour le républicain. Information qui devrait inquiéter les stratèges républicains, ce résultat est essentiellement attribuable à une perte d’appuis à Donald Trump plus qu’à une nette progression de la démocrate.