De commissions scolaires à centres de services: une métamorphose qui a eu peu d’impact sur la réussite des élèves

La métamorphose des commissions scolaires en centres de services n’a pas permis d’améliorer significativement la réussite des élèves, révèle la nouvelle mouture d’un classement qui leur est consacré.

Le Journal présente aujourd’hui le tout premier palmarès des centres de services scolaires, réalisé à partir de données compilées par l’Institut Fraser, qui publie déjà le palmarès des écoles secondaires depuis de nombreuses années.

Un exercice semblable a déjà été publié à deux reprises, mais il s’agissait d’un classement des commissions scolaires, dirigées par des élus, avant que le gouvernement Legault ne les transforme en centres de services en 2020, abolissant du même coup les élections scolaires.

À cette époque, plusieurs acteurs du milieu de l’éducation avaient remis en question la pertinence de ce changement de gouvernance.

Peu de résultats tangibles

Quatre ans plus tard, il est difficile de voir un impact tangible sur la réussite des élèves, du moins si on se fie à la «cote globale» attribuée par l’Institut Fraser à l’ensemble des centres de services scolaires, dont la moyenne de 5,5 est exactement la même qu’en 2019.

Cette «cote globale», qui est basée principalement sur les résultats des élèves aux épreuves ministérielles de quatrième et cinquième secondaire, correspond à la moyenne obtenue par les écoles secondaires des centres de services scolaires.

«En termes de résultats scolaires, ça n’a rien changé», lance Marc St-Pierre, un ancien directeur général de commission scolaire qui a été consultant auprès des centres de services.

Cette transformation a toutefois mené à une centralisation du pouvoir entre les mains des directions générales, sur qui Québec a maintenant un plus grand contrôle, ajoute-t-il.

Si aucune amélioration globale n’est constatée, le réseau public a tout de même réussi à maintenir sa performance malgré les soubresauts de la pandémie, alors que la «cote globale» du réseau privé a subi une légère baisse au cours de la même période, passant de 7,6 à 7,5.

Dans le réseau anglophone public, où des élus dirigent toujours neuf commissions scolaires, on constate par contre une légère hausse, avec une cote globale qui est passée de 5,4 en 2019 à 5,5 en 2023.

Leur nombre est toutefois plus restreint, ce qui peut mener à davantage de fluctuations au fil des ans.

Des centres de services qui s’améliorent

Même si le réseau public semble faire du surplace, certains centres de services sont parvenus à augmenter de façon significative les résultats de leurs élèves, comme celui des Hautes-Rivières, en Montérégie, qui a connu la plus forte amélioration comparée à la moyenne des cinq dernières années.

• À lire aussi: Centre de services des Laurentides: contrer le décrochage... du personnel scolaire

Un tout petit centre de services scolaire, celui du Littoral, sur la Basse-Côte-Nord, se retrouve par ailleurs en tête du classement, grâce à l’école secondaire Mgr-Scheffer, située à Blanc-Sablon.

Situé dans la région de Québec, le centre de services scolaire des Découvreurs arrive quant à lui en deuxième position. Il s’agit toutefois d’un résultat moins étonnant, puisque toutes ses écoles secondaires sont situées en milieu très favorisé, souligne Marc St-Pierre.

«Plus tu as d’écoles situées en milieu favorisé, plus tu as de chances de te retrouver en haut de la liste. L’inverse est aussi vrai», affirme-t-il, parlant d’une «tendance générale» qui est difficile, mais pas impossible à freiner.

Dans ce contexte, la bonne performance du centre de services scolaire de l’Énergie, situé en Mauricie, mérite d’être soulignée, puisque l’organisation se classe au 11^e rang, alors que la quasi-totalité de ses écoles est défavorisée.

Même si cet exercice de classement n’est pas très bien perçu dans le réseau scolaire, M. St-Pierre estime qu’il demeure pertinent.

«On ne peut pas se priver de ne pas les regarder, ces chiffres-là, lance-t-il. Il faut les regarder avec lucidité en étant conscient que ça doit servir à poser les bonnes questions pour avancer et faire changer les choses.»

Comment sont classés les centres de services scolaires?

• Ce palmarès du Journal classe les centres de services scolaires en fonction d’une «cote globale» (la note, variant entre 0 et 10, qui apparaît dans les classements), une mesure élaborée par l’Institut Fraser.
• Cet indicateur est basé en bonne partie sur les résultats des élèves aux examens ministériels de quatrième et de cinquième secondaire de juin 2023, auxquels s’ajoutent notamment l’écart entre les garçons et les filles de même que la proportion d’élèves qui accusent un retard dans leur parcours scolaire.
• La cote attribuée à un centre de services correspond à la moyenne de la cote globale obtenue pour ses écoles secondaires.

À la hausse ou à la baisse?

• La tendance permet d’indiquer si la cote globale de la commission scolaire est à la hausse (+), à la baisse (-) ou stable (=), comparé à la moyenne des cinq dernières années.