«Complètement ridicule»: la réduction des heures d’ouverture de postes frontaliers décriée au Québec

La fermeture la nuit d’une dizaine de postes frontaliers québécois entrant en vigueur aujourd’hui inquiète des entrepreneurs et des maires, qui appréhendent plusieurs conséquences, dont le ralentissement des services d’urgence.

«Je suis contre ça», résume Steve Lanciaux, maire de Saint-Herménégilde, une municipalité de l’Estrie située en bordure de la frontière avec les États-Unis.

Dès aujourd’hui, le point d’entrée de Hereford qui mène à sa ville ainsi que neuf autres postes frontaliers fermeront la nuit, parfois dès 16h. L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait annoncé ces changements, en novembre, en expliquant que les ressources seraient réaffectées à des postes plus fréquentés pour «renforcer» les capacités de ceux-ci.

Une barrière et un cadenas

Mais plusieurs estiment que le gouvernement a mal évalué les impacts de sa décision, comme à Saint-Herménégilde, où la moitié du territoire est desservie par les services d’urgence américains qui comptaient sur une ouverture rapide de la barrière par le douanier lors d’interventions.

«Ils veulent mettre un système de barrière que je trouve complètement ridicule, soutient M. Lanciaux. Il y aura une clôture avec un cadenas. Les pompiers [par exemple] vont devoir arrêter, sortir du véhicule, enlever le cadenas, ouvrir la barrière. C’est un temps précieux qu’ils vont perdre. Chaque seconde compte.»

Les nouveaux horaires sont aussi décriés par l’entreprise de transport Expro, située à Sainte-Clotilde-de-Châteauguay, en Montérégie.

«Ça va affecter énormément de choses», explique Melanie Booth, administratrice de la compagnie. Elle fait valoir que son plus gros client se situe à 10 minutes du point d’entrée de Herdman, mais que ses camionneurs devront maintenant faire un détour de 1h30 vers le poste de Champlain la nuit.

«On faisait 5 à 6 voyages par jour où on passait par cette douane», explique M^me Booth.

Additionné aux contraintes des heures maximales de travail pour les chauffeurs, cela engendre d’importantes hausses de coûts qu’Expro est, pour l’instant, incapable de chiffrer.

Travailleurs concernés

Qui plus est, plusieurs citoyens vivant près de la frontière doivent fréquemment la traverser, notamment pour le travail, souligne Mark Wallace, maire de Hinchinbrooke, près du poste frontalier de Trout River, en Montérégie.

«Il y a probablement 40 à 50 personnes dans notre ville qui travaillent du côté américain et qui font des allers-retours. Certains vont carrément changer d’emploi parce qu’ils devraient faire deux heures de route de plus dans leur trajet pour aller à la prochaine douane. Ce n’est juste pas faisable.»

Pour le maire Wallace, ces changements représentent une «déception».

«Ceux qui prennent cette décision, ils ne considèrent pas ceux qui sont affectés quotidiennement», se désole-t-il.

Par courriel, le porte-parole de l’ASFC Guillaume Bérubé a assuré que les services d’urgence ne seraient «pas affectés».

«Les données indiquent que ces points d’entrée traitent en moyenne deux voitures ou camions commerciaux ou moins par heure pendant les heures où ils ne seront plus opérationnels. Pour la majorité de ces points d’entrée, il existe une autre option de passage dans un rayon de 25 km ou moins et, pour d’autres, dans un rayon de 50 km au maximum», a-t-il déclaré.

Nouveaux horaires des postes frontaliers québécois concernés par les changements

• Chartierville: de 8h à 20h
• Clarenceville: de 8h à 16h
• Frelighsburg: de 8h à 20h
• Herdman: de 6h à 18h
• Hereford Road: de 8h à 20h
• Highwater: de 8h à 20h
• Lacolle Route 221: de 6h à 22h
• Lacolle Route 223: de 8h à 20h
• Noyan: de 8h à 20h
• Trout River: de 6h à 18h