«Charlie Hebdo», 10 ans après: les employés doivent rassurer leurs proches

Pour travailler chez Charlie Hebdo, il faut savoir surmonter les craintes... des gens qu’on aime.

Coline Renault a été embauchée en 2023. «Mes parents sont assez contents pour moi, je les ai rassurés sur la sécurité. Ma grand-mère a un peu plus peur. Ma belle-mère n’approuve pas du tout. Elle aime bien mes articles, mais il y a une partie de la population pour qui Charlie Hebdo est infréquentable.»

Juin rêvait depuis des années de travailler pour Charlie Hebdo quand est survenu l’attentat de 2015. Avec l’appui de ses parents, il a soumis sa candidature quelques semaines plus tard.

«Quelque part, ils étaient contents que je n’aie pas envoyé des dessins plus tôt à Charlie parce qu’ils disaient que j’aurais pu être là le 7 janvier. L’attentat les a marqués aussi pour cette raison. Après, ils ont trouvé tout à fait normal que je fasse ça. Personne n’a tenté de me dissuader. Tout le monde est très fier.»

Recrutement ardu

Il reste que recruter de jeunes talents n’est pas une mince affaire chez Charlie Hebdo et pas toujours pour des questions de sécurité.

Selon le rédacteur en chef, Gérard Biard, de plus en plus de jeunes dessinateurs préfèrent la bande dessinée, alors que de moins en moins de journaux publient des caricatures.

Il le déplore vivement.

«Un dessin de presse permet de dire et montrer des choses qu’on ne pourra pas montrer ou dire par un texte ou une analyse politique. Le fait, par exemple, que des journaux aussi importants et prescripteurs que le New York Times décident du jour au lendemain de ne plus publier de dessins de presse, de ne plus avoir recours à cet outil journalistique indispensable, je trouve ça dramatique.»