Cartes de crédit: les ministères québécois sont accros à Amazon

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Québec dépense des millions de dollars de votre argent, chaque année, avec des cartes de crédit. Achats personnels avec des fonds publics, contrats cachés, frais d’intérêts pour des cartes payées en retard, dépenses discutables; notre Bureau d’enquête a découvert de graves lacunes dans la gestion de ces cartes gouvernementales.

Bien que le gouvernement prétende favoriser l’achat local, le recours fréquent aux cartes de crédit avantage les géants du web, comme Amazon, au point où cette plateforme trône au sommet des fournisseurs des ministères avec ce mode de paiement.

En 2022, la ministre du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a fait adopter une loi afin d’encourager le commerce local.

«En tant que principal acheteur au Québec, l’État doit donner l’exemple», disait-elle. L’an dernier, elle dressait d’ailleurs déjà un premier bilan positif avec des achats québécois en hausse.

Notre analyse démontre toutefois que les achats par carte de crédit sont un angle mort du gouvernement.

Depuis 2021, les ministères ont dépensé au moins 2,2 millions$ sur Amazon, soit le double de l’entreprise au deuxième rang, VIA Rail. Un autre géant américain, Apple, se situe pour sa part au cinquième rang.

Photo AFP

«Pour chaque dollar investi dans une entreprise d’ici, il y a 66 cents qui restent dans l’économie mais si on passe par les géants du web, il n’y a que 8 cents qui restent dans l’économie», souligne François Vincent, vice-président de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Le gouvernement priverait ainsi l’économie québécoise de 1,2 million$, selon ce calcul.

Articles de bureau

Les fonctionnaires se tournent surtout vers Amazon pour acheter des articles de bureau: écouteurs, câbles, claviers d’ordinateur, repose-pieds, cartouches d’encre, etc.

«Ce fournisseur permet, dans certains cas, de répondre à la demande à un coût raisonnable et dans un délai rapide», explique Sarah Bensadoun, porte-parole du ministère des Transports, dont les achats sur cette plateforme sont parmi les plus élevées au gouvernement.

Elle cite en exemple deux transactions totalisant plus de 10 000$ pour quelque 830 coques et protecteurs d’écran pour iPhone à l’épreuve des chocs et de l’eau qui ont été achetés en 2021 et en 2022.

Les articles ont pu être livrés rapidement et le coût était «significativement inférieur en comparaison aux autres fournisseurs», illustre Mme Bensadoun.

La FCEI met toutefois en garde contre l’idée reçue selon laquelle les produits seraient «systématiquement» moins chers sur Amazon. «Ça, c’est faux», dit M. Vincent.

Il convient toutefois que nos entreprises peinent à compétitionner avec la rapidité de la livraison et le pouvoir de marketing d’Amazon.

Pas de directive

Même si la loi précise que les entreprises locales doivent être privilégiées, chaque ministère est responsable d’établir sa propre «stratégie» d’achat.

«Il n’existe aucune directive spécifique concernant le choix des fournisseurs ou le choix des modes de paiement à utiliser par les ministères dans le cadre de leurs achats», précise le Conseil du trésor.

Ce dernier assure que tous les organismes publics ont été sensibilisés à l’achat responsable québécois ou régional.

Le MTQ affirme que de «nombreuses communications» ont été diffusées à ses employés.

«Une note portant expressément sur les achats locaux a été transmise à l’ensemble des gestionnaires du Ministère en janvier 2023, à la suite de l’entrée en vigueur de l’exigence du Conseil du trésor sur le sujet», explique Mme Bensadoun.

Malgré cette note, les achats sur Amazon du MTQ ont doublé en 2023 par rapport à 2021.

Les plus gros acheteurs sur Amazon

Les ministères qui ont le plus acheté sur Amazon entre 2021 et 2024:

  • Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF): 620 000$
  • Le ministère des Transports (MTQ): 520 000$
  • Le ministère de l’Environnement (MELCCFP): plus de 414 000$ en transactions

Le ministère de l’Environnement et celui des Ressources naturelles se défendent tous deux en affirmant que les achats sur Amazon ne représentent qu’une part minime de l’ensemble de tous leurs achats, soit 1,6% et 3,1%, respectivement.

«Depuis avril dernier, nous constatons une diminution des achats sur la plateforme Amazon (en nombre de transactions et en dollars)», dit Josée Guimond, porte-parole du ministère de l’Environnement. Or, si le coût total des transactions a bien diminué en avril 2024, en mars 2024, les montants des achats Amazon ont atteint leur plus haut sommet depuis 2020.

«Le Ministère privilégie l’achat local dès que la situation le permet», assure Sylvain Carrier, du MRNF. Or, au vu de la plupart des factures que nous avons pu consulter, les achats auraient pu être faits dans des commerces québécois.

Photo d’archives, Didier Debusschere

Panier bleu: un seul fonctionnaire y a cru

Un seul valeureux fonctionnaire semble avoir cru au Panier bleu, créé par le gouvernement Legault, en 2020, afin d’encourager l’achat local en ligne.

Le ministère de l’Économie doit une fière chandelle à Daniel Proulx. À lui seul, le technicien en aménagement peut se targuer d’avoir réalisé 60% de toutes les transactions du gouvernement sur le Panier bleu, qui totalisent un maigre 5000$.

M. Proulx a dépensé 3000$ pour des cartouches d’encre et des lingettes désinfectantes depuis 2023.

Le Panier bleu a été lancé en pleine pandémie, mais il a fallu attendre deux ans, en octobre 2022, avant de pouvoir faire des achats directement sur le site. Malgré les efforts de M. Proulx, le Panier bleu, qui était passé aux mains du privé à l’été 2022, a dû mettre fin à ses activités en 2024.

Une boutique fleurdelysée a été créée sur Amazon et des produits québécois sont maintenant identifiés sur la plateforme. Ces initiatives demeurent très discrètes pour le moment, déplore François Vincent, vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

Nous avons questionné le Conseil du trésor, responsable de la stratégie pour stimuler l’achat de produits québécois, pour savoir pourquoi il n’avait pas montré l’exemple en achetant sur le Panier bleu, pas plus que les autres ministères. Il n’a pas répondu à la question, se contentant de mentionner: «Rien n’empêchait les organismes publics de l’utiliser en fonction de leurs besoins».

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