Pour 2025, je nous souhaite que les humoristes politiques prennent l’avant-scène dans leur domaine. Je nous souhaite le retour en force du rire truculant et irrévérencieux envers les institutions, les religions, les politiques imbéciles et les prêcheurs de tout acabit, des apôtres de la rectitude politique aux moralisateurs de la langue, en passant par les curés des minorités et les avocats des droits ridicules.
L’humour politique n’a pas disparu de nos vies, mais il s’éloigne des sujets sensibles.
Or, cet humour devrait occuper une place extraordinairement importante dans nos sociétés. Umberto Eco l’avait bien vu dans son roman Le nom de la rose, où un moine fou détruit le dernier exemplaire d’une pièce d’Aristophane où on se moquait de la religion.
Le rire peut dénoncer les bêtises des autorités mieux que n’importe quelle savante analyse politique. L’humour est un puissant instrument de liberté, une arme contre la dictature, contre la sottise et contre la rigidité sociale.
Qui ose?
Mais qui à présent ose se moquer des injonctions religieuses? Qui ose dire que les 0,6% de Québécois autochtones, après avoir été quasi ignorés, occupent à présent une place exagérée dans les politiques publiques? Qui ridiculise l’influence démesurée de plusieurs minorités sur la politique canadienne? Qui a le courage de se moquer de Benjamin Nétanyahou ou du Hamas, ou encore du Hezbollah?
Qui ose vraiment faire des sketches à propos des quotas racistes que le gouvernement de Justin Trudeau impose à nos institutions? De ses délires féministes?
Ces quotas, non seulement nos artistes ne les ridiculisent pas, mais encore plusieurs les soutiennent.
Il est vrai que beaucoup d’artistes ont un besoin vital de subventions. La moindre controverse suscitée par eux pourrait leur être financièrement fatale. En d’autres termes, sans nécessairement l’avouer, plusieurs artistes sont terrorisés.
La demande est là
Pourtant, la demande pour l’humour est forte. Les cotes d’écoute de l’excellente émission de radio À la semaine prochaine le montrent bien. Encore qu’on puisse soupçonner que des cadres chatouilleux de Radio-Canada empêchent les humoristes de l’émission d’aborder certains sujets ou d’aller aussi loin qu’ils ne le voudraient.
Aux États-Unis, dans quelques émissions de fin de soirée, on s’offre le luxe de rire de tous les sujets lorsque l’occasion s’y prête. Cependant, on sent de plus en plus une retenue malsaine chez les présentateurs.
Au sud des États-Unis, certains sujets ne sont plus accessibles par l’humour depuis longtemps, la religion en particulier.
La France résiste mieux au nouveau puritanisme en humour. Une balade dans le site de France Inter montrera que les sujets considérés comme délicats y sont encore abordables, quoique moins vigoureusement qu’autrefois peut-être.
Molière disait que c’est une étrange entreprise que de vouloir faire rire les honnêtes gens. En 2025, cette étrange entreprise, nous en aurons besoin plus que jamais. Pour mieux résister à ceux qui convoitent notre liberté.