Malgré la quantité de drames humains qui défilent dans les salles des palais de justice, les quelques histoires plus insolites qui s’y révèlent peuvent parfois nous arracher un petit sourire, tant d’amusement que de découragement. Que ce soit parce que les accusés ne sont pas les plus futés ou parce que les circonstances sont ironiques, certains de ces événements, qui ne font pas toujours les manchettes, méritent tout de même d’être soulignés en cette fin d’année.
Télétravailler, c’est trop dur, mais vendre de la drogue, ce n’est pas beau
Les juges entendent toutes sortes d’explications de la part des criminels pour justifier leur passage à l’acte, mais celle de Tommy Auclair pour expliquer sa décision de vendre des stupéfiants avait de quoi surprendre.
En mai, l’accusé, qui s’était fait épingler avec 439 g de cocaïne sur lui lors de son arrestation, a pris le chemin du pénitencier pour une peine de trois ans. Auclair a géré pendant cinq mois une business de trafic pendant la pandémie, parce que le télétravail n’était pas pour lui et que l’appât du gain facile l’a convaincu.
«L’accusé mentionne que lors de la pandémie, il a dû faire du télétravail et que cela ne lui convenait pas. Il s’est donc trouvé un autre gagne-pain», a exposé dans sa décision sur la peine le juge Sébastien Proulx.
Se reprendre en main en prison plutôt que d’organiser un Masturb-o-thon
Un déviant sexuel, récidiviste notoire, espérait organiser un grand Masturb-o-thon afin d'amasser de l’argent pour des œuvres de charité. Le tribunal l’a plutôt condamné à 8 ans de détention pour possession de pornographie juvénile, espérant pour la énième fois que le délinquant pourrait peut-être se reprendre en main.
Patrice Laurin en était à sa 45e condamnation en matière sexuelle quand le juge Thomas Jacques l’a condamné en juin dernier. Les policiers avaient retrouvé 25 000 fichiers montrant des jeunes filles de 7 à 14 dans des poses suggestives ou des agressions sexuelles.
Aux observations sur la peine, Laurin était revenu sur son «projet» de Masturb-o-thon dans le but de récolter de l’argent pour des bonnes œuvres, une idée que l’accusé a qualifiée de «très utile». Sur le web, il faisait d’ailleurs largement la promotion de ses visées philanthropes, se présentant comme étant «dans le domaine de la masturbation».
Laurin a aussi été déclaré délinquant à contrôler pour 10 ans, vu le risque «à peine maîtrisable» décrit par les rapports d’experts.
Menteur un jour, menteur toujours
Un arnaqueur qui a reconnu avoir fraudé une soixantaine d’entrepreneurs pour près de 300 000$ n’avait visiblement pas raconté de salades à assez de gens puisqu’il a été jusqu’à mentir au juge en plein tribunal en juin.
Souhaitant que l’imposition de sa peine soit repoussée une deuxième fois en raison de l’état de santé de son père, Daniel Jacques a expliqué au magistrat qu’il s’agissait d’une question d’heures et qu’il avait passé les jours précédents à son chevet. Or, quand la procureure au dossier a fait des vérifications, le CHSLD a bien confirmé que le paternel se mourait, en précisant toutefois que son fils ne s’y trouvait pas la veille. Et qu’en plus, il avait même refusé d’entrer dans la chambre puisque son père avait contracté la COVID-19.
C’en était assez pour le juge Frank D’Amours, qui a prononcé la peine de 30 mois de Daniel Jacques sur-le-champ.
Et ses sornettes lui ont valu une condamnation pour parjure en novembre, ce qui a ajouté six mois de détention à sa peine.
Prêt à flamber son garage pour enflammer le web
Un amateur de sensations fortes, qui se filmait en faisant des expériences explosives chez lui dans l’espoir de créer le buzz et ensuite de les monnayer sur ses réseaux sociaux, a été condamné à une peine d’un an dans la collectivité en septembre.
Dominic Pelletier, alias Dom Custum, avait été arrêté en début d’année après avoir publié sur le web des vidéos de lui en train de faire exploser divers engins sur son terrain ou dans son garage.
En enregistrant son plaidoyer de culpabilité, l’artificier des réseaux sociaux avait expliqué au juge Steve Magnan qu’il «ne savait plus trop dans quelle voie se lancer» après s’être retrouvé au chômage. «Je ne pense pas que ce serait explicable pour un jeune de 18 ans, mais à 43 ans, c’est l’idée que vous avez trouvée pour faire de l’argent?» l’avait questionné le juge, pas trop impressionné par les nouveaux plans de carrière de l’homme.
«Ça a fait rire beaucoup de monde», avait répondu Pelletier.
«C’est justement ça, le problème», avait rétorqué le juge.
Le Dek-hockey, le Dek-hockey, ce n’est pas une raison pour se faire mal
Deux joueurs de Dek-Hockey de la région de Québec se sont retrouvés devant les tribunaux en 2024 pour des agressions absolument inutiles survenues lors de matchs récréatifs.
En juillet, Kevin Bilodeau a attaqué sauvagement un arbitre du Centre Dek Hockey Beauport. L’accusé de 31 ans aurait frappé sa victime en plein visage avec son bâton, lui fracturant la mâchoire en plus de lui briser des dents et de lui infliger une commotion cérébrale.
Le hockeyeur avait été relâché sous promesse de comparaître pour une accusation d’agression armée. Il est toujours en attente de sa comparution selon le plumitif du ministère de la Justice.
Plus tôt, en mars, Pierre-Yves Landry, qui s’en était pris à un adversaire durant un match au printemps 2023, à Lévis, avait reçu une absolution conditionnelle. Alors qu’il restait quelques secondes au match, l’homme de 33 ans avait agressé un adversaire qui venait de recevoir un coup à la tête dans une échauffourée et qui était immobile au sol. Landry a reconnu avoir donné «plusieurs coups de poing à la tête, sur la grille du casque, au cou et aux épaules» de sa victime.
«Persona non grata» dans les bijouteries
Ginette Roux avait été épinglée une première fois pour des vols dans des bijouteries en 2013 et elle a récidivé en 2022. La femme a été déclarée coupable dans la dernière année pour des vols totalisant de 10 000$ à 15 000$.
Sauf que cette fois-ci, le juge lui a littéralement interdit de remettre les pieds dans un commerce du genre. Condamnée à deux ans d’emprisonnement à domicile, la sexagénaire doit se soumettre à plusieurs conditions, dont celles de ne pas entrer dans une joaillerie pour une période de cinq ans.
Mais le pire dans tout ça, c’est que Ginette Roux a été réarrêtée en novembre, encore une fois pour vol. Sauf que cette fois, elle n’aurait pas ciblé des bijoux, elle s’en serait prise directement au portefeuille d’une femme selon l’acte d’accusation.
Visiblement, la voleuse n’a pas saisi l’avertissement du juge Charles-Olivier Gosselin, qui l’avait prévenu qu’avec sa feuille de route, «l’élastique n’a plus beaucoup d’élasticité».
Du «Ponzi» amoureux
La fraude de type Ponzi consiste à utiliser l’argent injecté par de nouveaux investisseurs pour faire croire à ceux qui sont déjà dans la machine qu’ils font des rendements intéressants alors qu’il n’en est rien.
Marcel Rhéaume, lui, a mis sur pied ce qu’on pourrait presque qualifier de «Ponzi amoureux». Le fraudeur récidiviste a eu le culot d’utiliser l’argent qu’il avait soutiré à d’anciennes conjointes pour séduire de nouvelles femmes, qui subissaient ensuite la fraude à leur tour. Dans certains cas, il était encore en couple avec la victime volée pendant qu’il entretenait ses nouvelles cibles avec l’argent de cette dernière.
En 21 mois, le fraudeur a réussi à dérober 108 000$ à sept victimes par divers stratagèmes allant de la banale perte de son portefeuille à l’élaboration d’un faux diagnostic de cancer.
«Lorsqu’on m’a fait la narration des faits, j’étais estomaquée», a souligné la juge Annie Trudel lorsqu’elle l’a condamné à 40 mois de prison en avril.
Introduction par effraction... à la prison!
Le dossier de Nicolas Perron a surpris la juge Sarah-Julie Chicoine en juillet quand la magistrate a réalisé que l’homme était accusé d’introduction par effraction... à la prison de Québec. «C’est rare [...] j’ai hâte d’entendre les faits», a-t-elle fait remarquer avec raison.
Or, les accusations visant Perron ont été déposées parce qu’il est derrière une livraison de stupéfiants par drone à l’établissement de détention. C’est un policier en congé qui faisait ses courses dans un supermarché à environ deux kilomètres de la prison qui a entendu un silement et observé un drone muni d’une corde à laquelle était accroché un paquet. Puis, dans les instants suivants, une camionnette a quitté le stationnement en trombe.
Perron a pu être arrêté peu de temps après, tandis que le «code brun» lancé à la prison a permis de récupérer plusieurs plogues de diverses substances semblables à celles retrouvées dans la voiture des suspects.
«Ils ont vu plusieurs personnes incarcérées courir pour récupérer des objets et se placer en position penchée pour mettre la main dans leur pantalon et s’insérer les objets récupérés», a expliqué la procureure au dossier.
Perron, lui, a ensuite pu entrer à la prison par la grande porte puisqu’il a été condamné à 18 mois de détention.
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