Un responsable américain sous couvert de l'anonymat et l'Azerbaïdjan, selon des médias, a pointé jeudi vers une responsabilité russe pour expliquer l’écrasement d'un avion d'Azerbaijan Airlines au Kazakhstan mercredi, faisant 38 morts, mais de nombreuses questions restent en suspens.
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Des experts avaient aussi évoqué la possibilité que l'appareil, qui transportait 67 personnes, ait été abattu par erreur par la défense antiaérienne russe, même si cette hypothèse n'a pas été confirmée de façon officielle.
Jeudi après-midi, Affaires mondiales Canada a réagi, par voie de communiqué, au drame en affirmant que le Canada était «prodonfément préoccupé par les informations selon lesquelles les forces de défense aérienne russes pourraient avoir tiré un missile sur le vol 8243 d'Azerbaïdjan Airlines, provoquant son atterrissage en catastrophe».
L'organisation fédérale a souligné que le Canada présentait ses «sincères condoléances aux familles des victimes innocentes et à celles touchées par cette tragédie».
Le Canada a par ailleurs appelé la Russie à autoriser l'ouverture d'une enquête transparente sur l'écrasement d'avion et à accepter ses conclusions.
Voilà ce que l'on sait de cet écrasement.
Abattu par un missile russe?
Les premières informations pointent vers la responsabilité d'un système russe de défense antiaérienne, a affirmé jeudi un responsable américain.
Les déclarations de ce responsable, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, interviennent après la publication d'informations de certains médias internationaux selon lesquels les autorités azerbaïdjanaises pensent qu'un missile russe est à l'origine de cet écrasement.
Des experts militaires et d'aviation ont affirmé, commentant des impacts visibles sur l'épave de l'appareil Embraer 190, qu'il avait pu être abattu par accident par un système russe de défense antiaérienne lors de son approche de son aéroport de destination.
La chaîne internationale Euronews a indiqué qu'un missile sol-air russe avait provoqué l’écrasement, citant des sources gouvernementales azerbaïdjanaises sous couvert d'anonymat.
Le missile aurait été tiré durant «une activité aérienne de drones au-dessus de Grozny», capitale de la Tchétchénie où l'avion devait atterrir, a ajouté le média.
Calibré, un site azerbaïdjanais progouvernemental, a indiqué qu'il s'agissait probablement d'un missile de système de défense antiaérienne Pantsir-S, citant, là encore, des sources gouvernementales.
Le journal américain The New York Times a publié des informations similaires.
L'avion, qui s'est finalement écrasé au Kazakhstan, de l'autre côté de la mer Caspienne, reliait l'Azerbaïdjan à la république russe de Tchétchénie, où des attaques de drones ukrainiens avaient été rapportées ces dernières semaines.
Mercredi, les autorités russes avaient fait part de frappes de drones dans deux régions voisines de la Tchétchénie, l'Ossétie du Nord et l'Ingouchie, à des centaines de kilomètres de la ligne de front ukrainienne.
Des traces sur l'avion
Des trous visibles sur le fuselage de l'avion sont parmi les éléments cités pour soutenir cette piste.
«Les traces qu'on voit sur l'avion laissent quand même penser que c'est assez probable» qu'il ait été abattu par un missile, a déclaré à l'AFP Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA).
Un blogueur et expert militaire russe, Iouri Podoliaka, a assuré sur Telegram que ces traces étaient similaires à celles qui pourraient être causées par «un système de missiles antiaériens».
Un ancien expert du BEA, sous couvert d'anonymat, a aussi cité comme élément «le témoignage d'un passager qui aurait reçu des éclats dans son gilet de sauvetage».
Ce drame «rappelle le MH17», a-t-il estimé, en évoquant l'explosion en vol au-dessus de l'Ukraine en 2014 de cet avion de Malaysia Airlines, parti d'Amsterdam, imputée par la justice néerlandaise au tir d'un missile russe.
L’écrasement avait fait 298 morts.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé jeudi qu'il «serait inapproprié d'émettre des hypothèses avant les conclusions de l'enquête».
Les autorités du Kazakhstan, proche allié de la Russie, ont aussi dénoncé des «spéculations» et ouvert une investigation.
A-t-il percuté des oiseaux?
Azerbaijan Airlines a affirmé dans un premier temps que l'avion avait percuté une nuée d'oiseaux, avant de retirer cette information.
Cette version a aussi été évoquée mercredi par l'agence de l'aviation civile russe (Rosaviatsia).
L'ancien expert du BEA a jugé la théorie peu probable. Des impacts d'oiseaux sur la structure, «ça n'empêche pas l'avion de voler», a-t-il dit.
«Explosion d'un ballon»?
Le département régional du ministère kazakh de la Santé a lui fait état de «l'explosion d'un ballon» à bord de l'appareil.
L'avion assurait mercredi un vol entre Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, et Grozny, capitale de la république caucasienne russe de Tchétchénie.
Mais il s'est écrasé de l'autre côté de la mer Caspienne, près du port d'Aktaou dans l'ouest du Kazakhstan, situé très à l'est de sa destination initiale.
Trajet de l'avion
L'ancien directeur du BEA, Jean-Paul Troadec, a estimé que la trajectoire suivie par l'avion était «une grosse inconnue» de l'affaire.
L'agence de l'aviation civile russe (Rosaviatsia) avait indiqué mercredi qu'«en raison d'une situation d'urgence à bord de l'avion, son commandant avait décidé de se rendre vers un autre aérodrome - Aktaou a été choisi».
Le site spécialisé Flightradar24, qui suit les vols, a indiqué que l'appareil avait subi durant son vol «d'importantes interférences GPS».
L'avion a un temps «cessé d'envoyer des données de positionnements» puis a envoyé des données «probablement fausses», avant que la situation ne revienne à la normale, a affirmé le site.
Des victimes
L'avion transportait 62 passagers et cinq membres de l'équipage.
Selon le ministère kazakh des Situations d'urgence, 38 personnes ont été tuées et «29 survivants, parmi lesquels trois enfants, ont été hospitalisés».
Il y avait 37 ressortissants azerbaïdjanais, six ressortissants kazakhs, trois citoyens kirghiz et 16 citoyens russes à bord de l'appareil, selon le ministère kazakh des Transports.
Quatorze survivants sont arrivés jeudi en Azerbaïdjan, selon l'agence Tass, tandis que neuf blessés russes, dont un enfant, ont eux été ramenés en Russie, d'après les autorités de ce pays.
Le père d'une hôtesse de l'air tuée, Hokoumé Alieva, a déclaré à l'AFP que cela devait être le dernier vol de sa fille avant qu'elle ne change de métier.