Les autorités sanitaires de la bande de Gaza s’inquiètent samedi de la situation critique dans le nord du territoire palestinien en guerre, après la détention par Israël du directeur d’un hôpital clé, annoncé «hors service» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
• À lire aussi: Liban: frappe aérienne sur la région de Baalbek malgré la trêve avec Israël
• À lire aussi: Le dernier grand hôpital du nord de Gaza «hors service» après un raid israélien, dénonce l’OMS
• À lire aussi: Les rebelles yéménites revendiquent de nouvelles attaques contre Israël
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza a affirmé que les troupes israéliennes avaient conduit à «un centre de détention, pour les interroger», des «dizaines de membres du personnel médical de l’hôpital Kamal Adwan», dont son directeur, le Dr Hossam Abou Safiya.
Cet établissement était le dernier grand hôpital opérationnel dans le nord de la bande côtière palestinienne. Il est désormais «hors service» après un raid israélien à proximité, a déclaré l’OMS.
«De premières informations font état de services clés incendiés et détruits pendant le raid. Soixante membres du personnel soignant et 25 patients sont dans un état critique», a pointé l’organisation internationale.
«L’occupation [israélienne] a complètement détruit l’ossature médicale, humanitaire et de secours dans le nord de Gaza», a dénoncé à l’AFP le porte-parole de la Défense civile gazaouie, Mahmoud Bassal, précisant que le responsable local des secouristes était également détenu par Israël.
Contactée, l’armée israélienne n’a fait aucun commentaire au sujet de ces arrestations. Parallèlement, l’AFP n’a pas été en mesure d’entrer directement en contact avec le directeur de l’hôpital malgré plusieurs tentatives.
«Cachette»
«L’armée [israélienne] a demandé à tous les jeunes hommes de se déshabiller avant de sortir de l’hôpital et de se rendre dans une école qu’elle utilise comme centre de détention et d’interrogatoire», a témoigné auprès de l’AFP Mohammad, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille de crainte de représailles.
«Les soldats [israéliens] nous ont posé des questions sur les résistants, le Hamas, les armes et les gens qui filmaient les bombardements et les destructions», a ajouté cet homme de 48 ans.
Depuis le 6 octobre, l’armée israélienne a intensifié son offensive terrestre et aérienne dans le nord de la bande de Gaza pour empêcher, selon elle, les combattants du Hamas de se regrouper.
C’est dans cet objectif qu’elle s'est justifiée d'avoir lancé vendredi matin une offensive près de l’hôpital Kamal Adwan, au rôle crucial dans une bande de Gaza aux services de santé exsangues après plus d’un an de guerre.
Depuis plusieurs jours déjà, le directeur de cet établissement alertait l’opinion, à savoir que l’hôpital était pris pour cible par Israël qui, de son côté, prétendait que le lieu était «utilisé comme cachette par les terroristes», ce que dément «catégoriquement» le Hamas.
«Crimes de guerre»
«La situation est catastrophique, il n’y a plus de service médical, d’ambulances et de secouristes dans le nord», a déclaré samedi à l’AFP un témoin sur place, Ammar al-Barch, âgé de 50 ans. «L’armée [israélienne] continue ses raids sur l’hôpital et les maisons autour. On entend des tirs de drones et d’artillerie.»
Le ministère des Affaires étrangères de l’Iran, ennemi d’Israël, a condamné «l’attaque brutale par les soldats du régime israélien», y voyant «le dernier exemple à ce jour» de ses «crimes de guerre, crimes contre l’humanité et violations flagrantes des normes et lois internationales».
La Défense civile de Gaza a par ailleurs fait état de neuf morts dans une frappe israélienne samedi matin sur une maison dans le centre du territoire.
En riposte à une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, l’armée israélienne a lancé une offensive dévastatrice contre la bande de Gaza, qu’elle assiège depuis.
Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, 45 484 Palestiniens, essentiellement des civils, y ont péri au total, dont au moins 48 dans les 24 dernières heures.
L’attaque du Hamas a causé la mort de plus de 1200 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP reposant sur des chiffres officiels.