«C’est sûr que les tarifs vont retarder mon projet de m’acheter une électrique», soupire Jonathan Landry, croisé mardi midi au concessionnaire Polestar de Laval, refroidi par la surtaxe de 100% sur les véhicules construits en Chine.
«J’ai peur que ça augmente de beaucoup le prix. Si c’est de plusieurs milliers de dollars, c’est sûr que ça va être un projet retardé», prévient le travailleur autonome.
Lundi, Ottawa a annoncé l’imposition dans deux mois de tarifs douaniers de 100% sur les voitures électriques chinoises, comme aux États-Unis, ce qui fera doubler leur prix, alors que de nombreux Québécois salivent à l’idée de voir des bolides moins chers débarquer ici, comme les fameuses BYD à 16 000$.
Cela s’ajoute aux droits de douane de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de Chine. Ces tarifs ont ulcéré Pékin, qui accuse maintenant Ottawa de «politiser les questions économiques et commerciales».
Ce qui pique la Chine, c’est que la surtaxe frappera de plein fouet des entreprises qui assemblent leur voiture là-bas, comme Volvo, Polestar ou encore Tesla.
Polestar vante le libre-échange
Polestar pourrait-elle délaisser le Québec, comme l’a laissé entendre l’expert Daniel Breton sur les ondes de LCN? Mardi, l’entreprise suédoise a dit évaluer l’annonce de l’administration Trudeau dans une déclaration transmise en anglais au Journal.
« Nous pensons que le libre-échange est essentiel pour accélérer la transition vers une mobilité plus durable grâce à une adoption accrue des véhicules électriques », a rétorqué son porte-parole Mike Ofiara.
Alors que la production de la Polestar 3 a commencé en Caroline du Sud, il a précisé que la voiture sera «construite aux États-Unis pour les clients nord-américains, ainsi que pour l’exportation vers les marchés européens».
«De plus, la Polestar 4 sera fabriquée à Busan, en Corée du Sud, à partir de mi-2025 pour des clients d’Amérique du Nord», a-t-il précisé.
Soulignons que la société appartient en bonne partie à des intérêts chinois du Zhejiang Geely Holding Group, dont le siège social est à Hangzhou, une métropole de plus de 11 millions d'habitants.
Les consommateurs pénalisés
Mais pour Stéphane Pascalon, président du Club Tesla Québec, il est clair que ce sont les consommateurs qui finiront par payer la facture.
«Ils vont subir ces augmentations de prix là. Tesla fabrique beaucoup de Model Y en Chine donc même en réorganisant leur production en Amérique du Nord, les Québécois vont devoir passer à la caisse», analyse-t-il.
«Il y a un message contradictoire. Pertes des incitatifs et surtaxe qui font faire bondir le coût des véhicules, alors que l’on a des objectifs ambitieux pour 2035», ajoute-t-il.
D’après Normand Mousseau, professeur à l’Université de Montréal et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, le gouvernement manque de vision.
«On ne met pas de pression sur les constructeurs américains ou européens», résume-t-il.
Des organisations proélectriques, comme Mobilité Électrique Canada (MEC), avaient par la suite dénoncé les «tactiques de peur» du puissant lobby automobile.
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