Sacré Charlie: le député de Timmins brouille les cartes

Charlie Angus a beau avoir fini deuxième derrière Jagmeet Singh lors de la course à la chefferie du NPD, il demeure une vraie force au sein du parti. Et même s’il a déjà annoncé qu’il ne se présenterait pas aux prochaines élections, il a fait une sortie remarquable en fin de semaine dans le National Post.

Dans sa déclaration, Angus a fait savoir qu’il ne participerait pas aux jeux de procédure de Pierre Poilievre pour renverser le gouvernement de Trudeau. Il ne voterait pas nécessairement pour le défaire.

Cette prise de position contraste singulièrement avec celle de Singh.

Dans un premier temps, Singh avait laissé entendre qu’il allait présenter une motion de censure envers le gouvernement Trudeau à la première occasion. Mais une lecture attentive de son annonce laissait planer un doute sur le moment, qui pouvait être aussi tard que juin.

Une deuxième annonce le même jour était plus claire, Singh allait battre le gouvernement Trudeau dès que possible.

C’est là où la déclaration de Charlie Angus prend toute son importance, car elle semble lever le voile sur l’incompréhensible valse en deux temps des annonces de Singh.

Il y a une vieille blague qui dit qu’un chameau est un cheval qui a été dessiné par un comité. Au lieu d’être une bête erreur de rédaction, la première version de Singh était comme ce pauvre cheval difforme, conçu pour plaire à des visions différentes parmi les membres de son caucus.

D’après Angus, l’élection d’un gouvernement Poilievre serait un désastre pour le Canada, et il ne souhaite pas aider son arrivée.

QUI EST CHARLIE ANGUS

Pour comprendre une bête politique comme Angus, il faut le voir dans son habitat naturel. Col bleu, travaillant, camionnettes, forêt, mines...

Il me suffisait de rencontrer le maire, les amis, les voisins, les travailleurs, les membres des Premières Nations qui appuyaient Charlie. Il était un des leurs, et ils l’aimaient. Il a été réélu malgré les efforts des conservateurs de lui coller la position du NPD en faveur du registre des armes à feu.

Charlie n’est pas un socialiste doctrinaire, c’est un gars du peuple. Sa philosophie est largement inspirée par sa religion catholique et la bonne parole de justice sociale.

Auteur de nombreux livres sur les travailleurs et musicien de renom, Angus, avec sa femme, avait fondé un refuge pour les plus démunis à Toronto avant son retour dans son Timmins natal et son entrée en politique.

Après plus de 20 ans comme député du NPD et ancien président du caucus, ses propos commandent le respect à la base de la gauche sociale du parti.

Chez Charlie, les bottines suivent les babines.

LAISSER DU TEMPS

C’est clair maintenant que Justin Trudeau va partir. Il va proroger le Parlement pour laisser le temps à son parti de choisir son remplacement.

Charlie Angus vient de déclarer qu’il fait partie de ceux qui veulent que la résistance au rouleau compresseur Poilievre ait, justement, du temps pour s’organiser.