Le chef libéral Pablo Rodriguez dit vouloir lui aussi qu’une partie de la rémunération des médecins soit liée à des cibles de performance, mais sans leur forcer la main, sans prévoir de pénalité ni de budget supplémentaire. À croire qu’il est arrivé d’Ottawa en glissant sur un arc-en-ciel.
Les médecins ont mis beaucoup de pression sur le gouvernement depuis l’adoption de la loi spéciale.
Environ 300 ont entamé des démarches pour demander un permis de pratique en Ontario ou au Nouveau-Brunswick.
Est-ce vraiment un début d’exode ou une campagne de peur?
Parmi ces médecins contactés par Le Journal, très peu ont officialisé leur départ pour le moment.
La très grande majorité se disent en réflexion.
Ça excite particulièrement le chef libéral Pablo Rodriguez qui s’époumonait samedi dernier: «Ne quittez pas, ne quittez pas!».
Il leur promet de «scraper» la loi 2 de Christian Dubé et de négocier avec eux.
Or, le gouvernement a tenté de négocier le principe de la rémunération liée à des cibles depuis quelques années.
Le ministre de la Santé leur a présenté quatre offres, sans recevoir de contre-proposition.
Il avait d’abord demandé que 25% de la rémunération soit conditionnelle à l’atteinte de cibles, avant de diminuer l’offre jusqu’à 10%.
Les fédérations n’ont pas montré d’ouverture.
Peut-être que le duo Legault-Dubé veut marquer des points alors que la CAQ coule dans les sondages, mais faudrait-il laisser tomber pour cette raison?
On en veut plus ou pas?
Pablo Rodriguez n’est pas capable de dire exactement ce qui est mauvais dans le nouveau mode prévu par Dubé.
Il craint des services «fast-food».
Bien sûr, on veut des soins de qualité, mais ça n’empêche pas les Québécois de demander plus de rendez-vous disponibles pour voir un médecin.
Si on ne veut pas plus de services avec les 62 milliards $ investis en santé, pas besoin de modifier quoi que ce soit alors.
Sinon, le gouvernement Legault a raison de provoquer le changement, parce que la résistance était prévisible.
Opposition perpétuelle
Lorsque l’ex-ministre libéral Gaétan Barrette a créé la plateforme devant faciliter la prise de rendez-vous en ligne pour les Québécois, les médecins l’ont boudée, refusant d’y adhérer.
Parce qu’ils refusaient que le gouvernement ait accès à leurs disponibilités.
L’ex-ministre avait aussi présenté une loi prévoyant des sanctions en cas de cibles non atteintes et les médecins l’ont dépeint comme un bourreau.
Et cette fois-ci, ils ont réagi à la loi spéciale en parlant «d’arme nucléaire».
Pourtant, malgré le 10% lié à des cibles, aucune somme ne sera soustraite de l’enveloppe globale de la rémunération des médecins.
Cet argent sera disposé différemment dans les ententes salariales qui incluent toute sorte de possibilités de primes, par exemple.
En 2024-2025, l’enveloppe était de 2,8 milliards $ pour les omnis et de 5,3 milliards $ pour les spécialistes.
Il s’agit d’argent garanti.
Vendredi, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a même enjoint à ses membres de ne pas participer à la séance d’information que le gouvernement tiendra pour leur expliquer la loi.
Elle préfère que les médecins ne connaissent pas l’envers de la médaille. Faut le faire!
Pablo Rodriguez a dit «qu’un gouvernement qui paie a le droit d’avoir des objectifs».
Mais selon lui, il ne faut pas de pénalités qui vont «démotiver du monde» et qui entraînent des manifestations.
Donc, il plierait devant la moindre contestation?
C’est beau de surfer sur la colère des toubibs et de répéter le mot «négocier» comme une formule de conte de fées, mais pour le moment son discours ne passe pas le test de la réalité.
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20 hours ago
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