Mais où est passée la boussole de Bruno Marchand?

À peu près absent de l’espace public depuis le début de juillet, le maire Bruno Marchand donne l’impression d’un politicien qui a perdu sa boussole, en cette rentrée d’une année préélectorale.

Le maire a fait son grand retour la semaine passée avec une mission à New York qui n’avait été annoncée aux médias que la veille. Ces derniers n’étaient pas les bienvenus, ce qui rompt avec une tradition et le principe de transparence, comme je l’écrivais la semaine passée.

Et ça continue. Absent du premier conseil de la rentrée mardi, en raison d’un virus, le maire a obtenu que les dates de conseils municipaux à venir soient déplacées pour lui permettre d’y assister.

Il aurait en effet été absent de ces séances, en raison d’une mission en Europe à laquelle il doit prendre part, du 24 septembre au 5 octobre. Il s’agira de la plus longue mission d’un maire de Québec dans un passé récent. 

Imaginez si le maire ne pouvait même pas participer à la mission en question parce qu’il serait toujours malade. On aurait déplacé les dates des séances pour rien...

Mauvais message

Ce chamboulement des dates du conseil envoie par ailleurs un bien mauvais message. C’est comme si le maire venait de faire la démonstration que personne dans son équipe n’était en mesure d’assurer en son absence. Ça fait drôle, venant d’un chef qui disait vouloir faire de la politique autrement, et qui se présentait comme un gars d’équipe.

Il est arrivé dans le passé que le maire doive s’absenter pour une mission et ne puisse être présent au conseil, exceptionnellement. La Ville de Québec n’a pas arrêté de fonctionner pour autant.

Certes, dans les villes, le maire ou la mairesse prend beaucoup de place. La population ne connaît souvent même pas les noms des autres élus municipaux. C’est un peu le propre du modèle municipal.

Mais il revient au maire de mettre de l’avant les membres de son équipe le plus possible.

L’équipe du maire est constituée de femmes d’envergure. Je pense à Maude Mercier Larouche, Marie-Pierre Boucher, Marie-Josée Asselin, Mélissa Coulombe-Leduc, pour ne nommer que celles-là.

Des femmes qu’on voit beaucoup trop peu, et qui auraient tout avantage à prendre plus la parole.

Gollum et l’anneau

Tout cela pour dire qu’à un an des prochaines élections, le maire élu par la peau des dents en 2021 a raté sa rentrée, et ce, de façon monumentale. Et en plus, il sera absent à nouveau durant deux semaines pour une mission essentiellement diplomatique qui tombe bien mal.

Le maire a déclaré sur plusieurs tribunes, depuis son arrivée, qu’il comparait la politique à l’anneau dans la trilogie Le Seigneur des anneaux. Il faut faire attention, en politique, de ne pas devenir comme Gollum, que le pouvoir aveugle et transforme de la mauvaise façon, a-t-il expliqué en substance.

Le maire aurait avantage à retirer son anneau, justement, et à reconnecter avec les gens de Québec, qu’il semble délaisser. Car tout compte fait, il lui reste peu de temps pour cela avant que les citoyens se rendent à nouveau aux urnes, en novembre 2025.