L’année 2025 s’annonce faste en politique québécoise alors que l’échéance électorale se rapproche. Après six ans à la tête du gouvernement, l’usure du pouvoir frappe durement François Legault et ses troupes. Malgré la situation financière précaire, le premier ministre devra trouver une façon de regagner le cœur des Québécois, séduits par la fraîcheur de son rival souverainiste Paul St-Pierre Plamondon. Caquistes et péquistes devront toutefois se méfier du Parti libéral, qui pourrait profiter d’un élan en milieu d’année grâce à l’élection d’un nouveau chef.
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Régime sec
Finies les années de vaches grasses. Avec un déficit historique de onze milliards $, le Québec devra cette année commencer à retrouver le chemin de l’équilibre budgétaire. La rigueur est déjà en vigueur depuis plusieurs mois dans les ministères et les organismes, mais le couperet tombera officiellement en mars, lors de la présentation du budget, qui doit inclure un plan de retour au déficit zéro. À moins de deux ans des élections, le gouvernement Legault devra jouer les équilibristes. Réduire les dépenses pour que le Québec recouvre sa santé financière, tout en évitant de se mettre l’électorat à dos par des réductions de services. Tout un défi.
La laïcité à la rescousse en éducation
Le réseau de l’éducation est toujours aux prises avec une criante pénurie d’enseignants, alors que les profs sans brevet se multiplient dans les classes du Québec. Un problème qui sera en partie occulté par le thème de la laïcité dans les écoles, que le gouvernement a bien l’intention d’imposer en 2025. Le ministre Bernard Drainville a déjà promis de modifier la Loi sur l’instruction publique afin de renforcer la neutralité religieuse dans les établissements scolaires. Et le sujet sera à l’ordre du jour dès janvier, alors que le ministère de l’Éducation devra dévoiler son rapport sur les manquements à la laïcité répertoriés dans 17 écoles de partout au Québec. Sans parler des prières dans la rue, que François Legault souhaite interdire. Alléluia!
Un nouveau chef libéral pour juin
Deux ans après la pire défaite de son histoire, le Parti libéral pourra bientôt rêver à nouveau du pouvoir. Les rouges devront se choisir un chef en juin, au terme d’une campagne au leadership qui commencera officiellement à la mi-janvier. Mais, dans les faits, la course a débuté et elle oppose déjà cinq candidats déclarés. Les militants libéraux devront faire leur choix entre l’ancien ministre fédéral Pablo Rodriguez, favori dans les sondages, l’homme d’affaires Charles Milliard, l’ex-maire de Montréal Denis Coderre, le député Frédéric Beauchemin et l’avocat Marc Bélanger. Reste maintenant à savoir si l’ancien numéro un de la métropole sera éligible ou non après ses déboires avec le fisc.
La monnaie et l’armée d’un Québec souverain
L’année 2025 sera importante pour le Parti Québécois, qui testera la solidité de ses appuis dans la population. En tête des sondages, Paul St-Pierre Plamondon dévoilera un «livre bleu» dans les prochains mois, c’est-à-dire les contours d’un Québec souverain, une opération qui peut s’avérer périlleuse. Plusieurs citoyens font des boutons lorsqu’il est question de la monnaie, des frontières, de l’armée ou du sort des fonctionnaires fédéraux dans un Québec indépendant. Mais le chef péquiste, à l’instar de la CAQ, n’a pas l’intention de lâcher le morceau de la laïcité pour autant et présentera son plan pour renforcer la neutralité religieuse de l’État et ses institutions.
Le tarif résidentiel d’Hydro
À la surprise générale, l’adoption du projet de loi de Fitzgibbon sur l’avenir énergétique du Québec a été repoussée à 2025. La nouvelle ministre de l’Économie et de l’Énergie, Christine Fréchette, souhaite le modifier afin d’assurer qu’Hydro-Québec pourra investir plus de 150 milliards $ et doubler sa capacité de production tout en plafonnant la hausse du tarif résidentiel à 3%. Or, rien dans le projet de loi ne dicte le maintien de cette hausse de tarif limitée. Au contraire, il indique que tous les secteurs devront payer équitablement. Le gouvernement Legault souhaite toutefois que ce soit les grandes entreprises qui assument la hausse de tarif. À suivre.
Northvolt et l’avenir de la filière batterie
Rien ne va plus pour les gros noms de la filière dans lesquels le gouvernement Legault a investi des centaines de millions $. Les entreprises Northvolt, Lion Électrique et Taïga ont terminé l’année avec de graves difficultés financières, ce qui a mis à mal l’image de la filière batterie québécoise. Northvolt et Lion Électrique pourraient ne pas survivre à 2025. Malgré l’instabilité du marché des batteries en Occident en raison des pressions de la Chine, le premier ministre François Legault ne cesse de répéter que «ce qui compte, c’est la moyenne au bâton». Il plaide qu’il y a une vingtaine d’entreprises dans la filière batterie.
Bras de fer entre Québec et les médecins
Désormais officiellement chargée de la gestion quotidienne du réseau, la nouvelle agence Santé Québec connaîtra cette année son premier test de la réalité. Mais ce sont surtout les négociations avec les médecins qui retiendront davantage l’attention en 2025. Le gouvernement veut que les omnipraticiens prennent en charge plus de patients et brandit maintenant la menace de pénalités pour y arriver. Québec veut aussi contrôler davantage la rémunération des spécialistes, mais les médecins sont sur leurs gardes. La CAQ a déjà abandonné son échéancier pour le rattrapage des opérations chirurgicales. François Legault a promis main sur le cœur qu’il ne «cèdera pas» devant les docteurs. Reste à voir s’il passera de la parole aux actes, de la carotte au bâton.
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