La chute de Kaboul et le déclin de l’empire américain

Dans un rapport publié dimanche, les républicains de la Chambre des représentants rendent l’administration Biden responsable du retrait désordonné et humiliant des États-Unis d’Afghanistan en 2021. Ils accusent Joe Biden et sa vice-présidente, Kamala Harris, d'avoir «induit en erreur et, dans certains cas, directement menti au peuple américain à chaque étape du retrait». 

Les démocrates ont riposté en soulignant qu’en raison du mauvais accord que Trump a conclu avec les talibans, Biden avait hérité d’une position intenable.

Le retrait a conduit à une situation chaotique à l’aéroport de Kaboul, où des attentats suicides ont tué 170 Afghans et 13 soldats américains.

La fin de l’intervention américaine en Afghanistan a été un désastre politique, diplomatique et militaire qui a entraîné l’effondrement du gouvernement de Kaboul et la désintégration l’armée afghane dans les jours suivants. Pourtant, année après année, des généraux médaillés jusqu’aux oreilles avaient paradé devant le Congrès et dans les médias pour vanter la résilience, le moral et l’efficacité de l’armée afghane.

Cette bande de menteurs radotait toujours le même refrain: les États-Unis restent déterminés à accomplir leur mission en Afghanistan. Oui, déterminés à sauver la face. Les généraux et les présidents américains ne peuvent pas admettre la défaite. Ils préfèrent prolonger les guerres perdues. Pensez au Vietnam.

Une démocratie en Afghanistan

Les États-Unis ne savaient plus d’ailleurs très bien eux-mêmes ce qu’ils faisaient dans ce pays. Ils avaient tué Ben Laden au Pakistan. Ils avaient envahi l’Afghanistan pour le capturer et chasser les talibans du pouvoir, les remplaçant par Hamid Karzai et son entourage de kleptomanes et de trafiquants de drogues.

La stratégie de Washington en Afghanistan était fondée sur l’idée que des milliers de milliards de dollars (trillions) pourraient créer un gouvernement démocratique stable dans un pays qui n’en a jamais eu et qui n’en voulait pas vraiment.

Si le Pentagone avait procédé à une formation intensive de l’armée afghane entre 2002 et 2006, lorsque les talibans étaient faibles et désorganisés, les choses auraient pu être différentes. Au lieu de cela, l’idiot de Bush, poussé par Cheney et Rumsfeld, a décidé de renverser Saddam Hussein, concentrant ses efforts en Irak. La résurgence des talibans au début des années 2000 s’explique pour une bonne part par la présence de troupes étrangères dans un pays qui était fier d’avoir déjà botté le derrière aux Anglais et aux Russes. 

Le MAGA a échoué à Kaboul

Comment expliquer l’échec colossal des États-Unis dans leur guerre la plus longue ? C’est avant tout une question de culture. Les Afghans refusaient les valeurs occidentales qu’on voulait leur imposer. Maintenant, ils refusent – en particulier les femmes afghanes – de se soumettre aux diktats religieux démentiels que leur infligent les talibans.

Des dizaines de milliers de talibans sont morts pour que leur pays reste fidèle à sa religion, à son mode de vie et ses traditions. On en voit aujourd’hui le résultat. Les talibans sont à créer l’État islamique le plus stupidement intégriste de la planète.

Pour avoir eu le courage de mettre fin à l’effort générationnel de convertir l’Afghanistan en une démocratie à l’occidentale, les républicains veulent faire porter à Biden le chapeau de la défaite, même si c’est l’homme à casquette MAGA rouge qui a initié la débandade. 

Les démocrates, les républicains et les généraux du Pentagone ont «perdu» l’Afghanistan, à cause de la conviction des élites américaines de leur supériorité naturelle, une illusion que la réalité met de plus en plus en cause.