La petite Marianne St-Gelais a 10 ans. Sur ses patins à longues lames, vêtue d’un coton ouaté à l’effigie du club de patinage de vitesse des Éclairs de Saint-Félicien, elle affiche le même sourire resplendissant et le même regard pétillant qu’on lui connaît.
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«Elle n’avait pas de technique, pas d’ambition dans le sport, pas de rêve olympique, juste une petite étincelle de plaisir», raconte St-Gelais au Journal, en repensant à ses photos de jeunesse.
Rien ne semblait la destiner à une fructueuse carrière en courte piste. Elle se rappelle qu’elle aimait simplement retrouver ses amis à l’aréna, un endroit qui la rendait heureuse.
«J’étais unique, toujours souriante, mais j’avais toujours les couettes toutes croches, je n’avais pas mes lunettes dans la face, j’étais énervée! J’ai encore une belle énergie, mais c’était moins contrôlé à 10 ans», reconnaît-elle.
Palmarès impressionnant
Puis, St-Gelais s’est frayé un chemin au fils des ans parmi l’élite canadienne et mondiale. Avec 114 podiums internationaux, dont trois aux Olympiques et 15 en championnats du monde, ce n’est pas une surprise d’apprendre que Patinage de vitesse Canada lui ouvrira les portes de son Temple de la renommée.
«C’est inspirant pour des jeunes et des gens, parce que la vie peut être imprévisible même si ce n’est pas calculé et que tu n’y rêves pas tous les soirs», dit-elle avec fierté.
Une ambassadrice à vie
C’est cliché, admet la Québécoise de 34 ans, mais elle n’a jamais patiné avec l’objectif de devenir une vedette ou une idole. Une fois à la retraite – depuis 2018 dans son cas –, les athlètes se rendent compte que tout ce qui reste, ce sont les souvenirs, selon St-Gelais.
«Si on le fait pour être reconnu, on sera déçu», ajoute-t-elle.
C’est néanmoins une belle reconnaissance qu’elle recevra lors de la Coupe du monde courte piste, du 25 au 27 octobre, à l’aréna Maurice-Richard, là où elle s’est entraînée pendant si longtemps.
«On se dédie pendant des années, on fait des choix crève-cœur, on est des ambassadeurs pour notre sport et notre pays, et je le suis encore aujourd’hui», confirme la sympathique maman du petit Noé, 4 mois.
Rien de mieux que Vancouver
En regardant dans le rétroviseur, St-Gelais se revoit à ses premiers Jeux olympiques, le 17 février 2010, le jour de son anniversaire, gagner une médaille d’argent au 500 m.
«Vancouver, c’est dur à battre, c’est sûr! J’ai 20 ans, on est en sol canadien, je n’ai pas de pression. Tous les éléments étaient là pour que je puisse performer devant ma famille et des gens que j’aimais», relate celle qui a alors charmé instantanément tout le pays et une bonne partie de la planète.
Championne du monde
Il y a un autre moment qu’elle n’oubliera jamais. En 2016, encouragée par son entraîneur Frédéric Blackburn, St-Gelais a été sacrée championne du monde au 1500 m, une distance qu’elle n’aimait pas.
«Quand j’ai crié en franchissant la ligne d’arrivée, ce n’était pas parce que j’avais gagné, mais plutôt parce qu’on l’avait fait, on avait réussi! Ce n’était pas seulement une médaille d’or, c’était tout ce qu’on a fait avant, les gens qui ont cru en moi avant même que je puisse avoir confiance. Ce sont les personnes qui n’ont pas compté leurs heures pour que j’atteigne mon plein potentiel. Je suis si reconnaissante envers mes garde-fous, comme j’aime les appeler, qui m’ont bien encadrée et épaulée, en commençant par ma famille.»
St-Gelais aura encore quelques semaines pour se remémorer ses plus beaux souvenirs d’ici son intronisation. Elle pourra les partager avec ceux qui l’ont vu grandir et progresser, ainsi qu’avec les partisans qui lui feront revivre un premier bain de foule en six ans.