Crime organisé à Québec: «La violence armée est en train de monter à un autre niveau», selon un ex-enquêteur

La violence armée liée au crime organisé dans la région de la Capitale-Nationale est en train de «passer à un autre niveau», selon l’ancien enquêteur du Service de police de la Ville de Québec, Roger Ferland. 

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Le dernier de ces événements violents est survenu samedi matin lorsqu’un ex-trafiquant de drogue aurait été atteint par balle en plein jour dans son véhicule.

«C’est une situation qui ne s’arrêtera pas d’elle-même, indique M. Ferland en entrevue à LCN. Il faudra qu’il y ait des actions puissantes de la police, dans certains cas, supportées par les citoyens.»

Dans ce cas-ci, trois scènes de crime différentes ont été protégées par les enquêteurs qui s’affairent à y récolter des éléments de preuve, ce qui nécessite le déploiement de beaucoup de ressources policières.

«Quand ils se déplacent en voiture, la scène se déplace, alors à chaque fois qu’il y a eu des coups de feu tirés ailleurs, sur d’autres angles par rapport à la voiture, ça devient d’autres éléments importants», soutient l’ex-enquêteur.

«En ce moment, à chaque fois qu’un événement comme celui-là se déroule, les policiers se doivent de bien couvrir chacune des scènes de crime, parce que même si on n’arrête pas quelqu’un immédiatement, il y aura tôt ou tard quelqu’un qui va répondre de ces actions-là», ajoute-t-il.

Une riposte du clan adverse pourrait donc survenir en lien avec cet événement.

«C’est ça le problème en ce moment, dit-il. Ça amène souvent le clan adverse à vouloir s’armer lui-même [...] pour essayer de s’en prendre eux-mêmes aux joueurs de l’autre côté. Cette tension-là, il ne faut pas qu'elle continue à se reproduire, mais elle continue en ce moment.»

«La violence armée est en train de monter à un autre niveau, j’en suis convaincu, continue-t-il. Je ne pense pas que c’est un individu qui avait les mains dans ses poches de l’autre côté non plus. Ils sont capables d’être armés de part et d’autre et d’avoir des équipes de surveillance autour d’elles également.»

Moins d'éthique de travail chez les criminels 

M. Ferland avance que la façon de procéder des criminels a changé au cours des dernières années.

«Les règles de certains jeunes criminels dans ce domaine-là n’ont pas au fil des années développé énormément d’éthique de travail, dit-il. Même si je n’aime pas parler de ça, il y avait une certaine éthique que le crime organisé avait placée au fil des années.»

«Dans le monde criminel, il y avait certains principes qui se déroulaient, alors que là maintenant, on assiste à beaucoup de jeunes qui veulent devenir tout de suite riches, populaires, importants, un peu comme la méthode des influenceurs, sans avoir fait tout le travail qui vient avec.»

Cela les amène à procéder de façon plus directe.

«Ils s’en prennent en plein jour, la conjointe est avec dans le véhicule, ça fait partie d’une clientèle qui est assez audacieuse, pour ne pas dire même arrogante, dans leur façon de travailler, mentionne-t-il. On ne se cache pas et on a du front tout le tour de la tête en ce moment.»

«C’est pour ça que je pense qu’il faut appuyer les policiers dans le travail qu’ils ont à faire, renchérit-il. Je ne pense pas que ce sera facile, mais c’est faisable pour en venir à bout. Ça va prendre des informations citoyennes de qualité pour en arriver à découvrir ce qui se passe là.»

Peu d'espoir d'une résolution 

Les policiers auront un rôle important à jouer étant donner que selon l’ex-enquêteur, les choses ne rentreront pas dans l’ordre par elles-mêmes.

«Les choses vont-elles se replacer? Je ne suis pas convaincu encore là parce qu’à chaque fois qu’ils commettent des crimes ou qu’ils s’approprient du trafic de stupéfiants pour d’autres activités illicites, ils s’enrichissent», soutient M. Ferland.

«On avait pensé que c’était banal les vols de voiture au début parce que les assurances payaient, mais non, ajoute-t-il. Ils se sont beaucoup enrichis par le vol de voitures. Ils se sont enrichis par le trafic d’armes et il y en a beaucoup en circulation en ce moment.»

Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus