Un Montréalais vivant seul avec la sclérose en plaques et ayant un revenu annuel de 13 500$ s’est fait réclamer pendant plus de trois longs et stressants mois une somme de 18 000$ par la RAMQ, qui s’est finalement ravisée quelques heures après avoir été questionnée par Le Journal.
«C’est déjà assez pénible comme ça [avec la maladie], je trouve que c’est un obstacle complètement inutile dans ma vie. Je ne suis pas quelqu’un qui a abusé du système de santé et je ne comprends pas pourquoi on afflige quelqu’un comme moi», confiait Benjamin Girard, atteint de la sclérose en plaques progressive, lorsqu’interviewé par Le Journal lundi.
Jusque là, la Régie de l’assurance maladie du Québec lui réclamait depuis septembre dernier un montant qui a grimpé à 18 000$ avec les intérêts pour un traitement qu’il avait accepté d’essayer fin 2023 pour sa sclérose en plaques progressive.
Le médicament, nommé Ocrevus, semble généralement ralentir la progression de la maladie auto-immune qu’on lui a diagnostiquée il y a une quinzaine d’années.
«Mon neurologue nous a confirmé que c’était la RAMQ [Régie de l’assurance maladie du Québec] qui le remboursait. Cette fois-là, il a rempli les papiers pour les envoyer à la RAMQ. Je ne m’occupais de rien de ce qui était administratif», soutient l’homme de 48 ans.
Facture titanesque
Après deux séances de traitement, M. Girard a décidé d’y mettre fin début 2024, car il n’était plus convaincu de son efficacité et n’en pouvait plus de parcourir plus de 100 km chaque fois pour y accéder.
En septembre, Benjamin Girard a reçu une lettre qui l’a jeté par terre: la RAMQ lui réclame l’entièreté du montant pour l’Ocrevus qu’on lui a administré, une facture s’élevant alors à 16 417$.
«J’étais anéanti», confie l’homme qui venait alors à peine de se relever d’un divorce et qui était pourtant sous la couverture de l’assureur privé de son ex-conjointe lors de ses traitements.
Invalide depuis sept ans, M. Girard marche très difficilement, ressent souvent une fatigue extrême et une perte de sensation dans ses membres. Il vit maintenant seul avec seulement 13 500$ par année venant de la prestation d’invalidité du Régime de pensions du Canada (RPC).
Situation dénouée par miracle
Le Journal a contacté la RAMQ lundi pour obtenir des explications sur l’histoire de M. Girard. La Régie a alors promis de faire un suivi auprès de lui.
Mardi, M. Girard a reçu un appel d’un représentant de la RAMQ qui lui indiquait pour la première fois une marche à suivre pour tenter de dénouer la situation.
«Ils viennent de faire un 180 degrés et je ne sais pas pourquoi. Le ton était diamétralement différent des précédents appels», s’est réjoui M. Girard, qui s’était pourtant fait dire pendant plus de trois mois qu’il devait s’acquitter de la facture, ce qui l’a profondément déprimé.
Puis, en fin d’après-midi, la Régie a indiqué au Journal que la facture du Montréalais incluant les intérêts serait annulée.
«Peu importe le cas, c’est soit nous ou l’assureur privé qui va ramasser la facture. Il n’aura pas à la payer», a fait savoir Caroline Dupont, porte-parole de la RAMQ.
Pour des raisons de confidentialité, elle était toutefois incapable d’expliquer pourquoi M. Girard a reçu cette facture ni pourquoi il a été tenu dans le néant pendant des mois.
«C’est très dommage que ça a ait pris tout ça. Je ne pensais pas que j’allais devoir traverser ça. Ça n’a pas été de beaux mois. J’ai imaginé le pire», a réagi M. Girard.
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